14 novembre, 2009

Les fantasmes nauséabons d'Éric Raoult.

Éric Raoult se rappelle à nos bons souvenirs, ce triste sire, qui est passé par Occident et autres avant d'éructer des propos homophobes et de réclamer le retour de la peine de mort, cet idiot qui réclamait que les membres du groupe NTM "rentrent chez eux" alors que ces derniers sont français nous démontre à nouveaux que les fantasmes d'extrême-droite de sa jeunesse ne l'ont jamais vraiment quitté. Comme les vieilles badernes traitant les afghans fuyant la guerre de déserteurs dont j'ai parlé précédemment, il aimerait bien militariser toute la société. Et surtout que les intellectuels marchent au pas et se taisent afin de ne pas ternir "l'image de la France". C'est quand même marrant, non ? Des journalistes révèlent que des soldats américains pratiquent la torture en Irak, les politiciens américains aimeraient que les journalistes ne puissent pas rapporter de tels faits ; un gouvernement français organise la chasse au sans-papiers, maintien des enfants dans des zones de non-droits (les zones d'attentes) et il faudrait que ceux qui jugent cela monstrueux (dont je suis) se taisent. Mais où est la responsabilité, ici ? Chez ceux qui commettent ces crimes (soldats américains) ou délits (policiers de la PAF) ou chez ceux qui, au nom de l'humanisme, dénoncent ces crimes ? Poser la question, c'est y répondre. Et c'est parfois un devoir moral de désobéïr aux lois quand celles-ci conduisent à des situations insupportables.
Oui, Marie NDaye à raison, la France sarkozyste, les sarkozystes en général sont monstrueux. Le dire, c'est faire œuvre de salubrité publique. Quand les campagnes électorales de l'UMP se résument à exacerber le racisme et la peur, elles ne ramènent pas les électeurs d'extrême-droite dans le "giron de la république", elles érigent les idées les plus ignobles qui soient en programme politique acceptable. De fait, quand Le Pen dit que le FN perd les élections mais que ses idées, elles, gagnent, il a raison. Les idées du FN sont actuellement au pouvoir, appliquées par un parti soi-disant démocratique mais dont les pratiques quotidiennes montrent avec quel sérieux il faut prendre ce dernier adjectif concernant l'UMP.


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25 octobre, 2009

Deux choses, très vite.

La première, c'est qu'on savait que certaines vieilles ganaches n'ont toujours, comme disait Einstein, qu'une moëlle épinière et pas de cerveau. C'est une fois de plus confirmé. Deux vieux généraux, le cul bien au chaud en France, et qui par ailleurs, comme tout général qui se respecte, sont prèts à envoyer n'importe qui au casse-pipe pour des idées aussi fumeuse que "la patrie", "la gloire" (la leur, le plus souvent) osent faire la leçon à des afghans qui toute leur vie ont vécu une vie plus dure que eux-mêmes n'en connaîtront jamais, tout bons militaires qu'ils aient été. Quand on a dix-neuf et qu'on est né en Afghanistan, on ne connaît qu'une seule chose : la guerre. Je trouve qu'il est normal d'en être lassé au bout d'un certain temps. Si ils veulent absolument participer à la "reconstruction de l'Afghanistan",  dont les bombes que l'OTAN largue "par erreur" (un peut trop courante l'erreur) sur les villages Afghans en sont la principale marque de fabrique, ou si ils veulent lutter contre le terrorisme que ces mêmes bombes contribuent à fabriquer, qu'ils lèvent leurs culs rancis de leurs fauteuils et qu'ils y aillent !
Cette affaire me rappelle une vieille chanson très célèbre d'Eugène Pottier dont une partie d'un refrain dit :
"S'ils s'obstinent ces cannibales,
à vouloir faire de nous des héros,
ils sauront bientôt que nos balles,
sont pour nos propres généraux"
Une chanson qui vaut le coup, je trouve.

La deuxième c'est Besson qui voudrait faire chanter la marseillaise au mômes. Bien sûr ce triste sire ce défend de reprendre les idées du FN, ou plutôt, il considère que certaines de ces idées appartiennent au "champ lexical" de la République. Mais Benoît Hamon à raison, ces idées sont celles du FN. Donc fascistes. Ergo, celui qui les défend est un fasciste.
L'an prochain, il devrait y avoir des élections en France, et la droite nous ressort les mêmes tactiques : on flatte la frange des français la plus idiote pour récolter des votes. Je n'espère qu'une seule chose : c'est que ceux qui voteront pour eux s'en prendront plein la gueule, aussi.


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17 octobre, 2009

Ce type est méprisable.

Qu'il ait viré sa cuti et soit passé du PS à l'UMP n'est pas franchement quelque chose d'étonnant en soi. Cela s'appelle avoir un plan de carrière, c'est un peu comme un autre de ces sous-philosophes (Philippe Corcuff, allez voir au paragraphe "engagements"). Pour autant, cela reste méprisable et en dit long sur la nature des valeurs dont Besson se prétend le porteur.
Mais voilà, non seulement ce type fait le choix de la carrière politique au détriment des idées politiques, mais en plus il en rajoute dans la flagornerie et passe son temps à se recentrer : Philippe de Villiers à l'UMP ? Au début, il n'est pas trop pour, mais finalement, si, tiens ce n'est pas si mal (Besson trouve d'ailleurs que Villiers "est plus subtil qu'il ne se l'imaginait", notamment sur l'immigration ; tu m'étonnes, vu que la seule divergence qu'ils ont est une question d'échelle, le débat n'a pas dû aller très loin dans l'affrontement de soi-disant idées). Une loi sur la Burqa ? Inutile... Ah tiens, non, il a "évolué" sur le sujet, à chaque fois, on soupçonne un recadrage par Sarkozy ou l'un de ses "conseillers". Cela semble être le cas pour la Burqa, vu que la position exprimée par Sarkozy (une expression postérieure à celle de Besson) était à l'opposé de celle de Besson.
Après avoir passé la langue au fondement du père, Besson fait de même à celui du fils. On se croirait dans "l'amour en héritage". En moins romantique.
Ce type n'est pas seulement un menteur patenté comme l'a montré maître Éolas, c'est aussi un courtisant, et de la pire espèce.
Il n'est pas le seul, loin de là : on compte sur les doigts d'une main les hommes politiques UMP qui, sur un point ou un autre, sont en désaccord avec la politique du gouvernement. Et je gage que sans aller jusqu'à les faire taire, on les tient à l'écart.


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14 octobre, 2009

Sarkozy et le symbole de la résistance.

Hier, je suis tombé sur ça. Qui est repris dans cet article du nouvelobs.com. Un truc qui est étonnant, c'est comme l'ont souligné certains commentateurs, le retard de cette info : les images datent du 18 mars 2008. Sarko est ignoble, tout à son attitude de beauf ignare : méprisant envers un résistant expliquant qu'il a été chercher, avec d'autres les corps de certains de ses camarades tombés dans une embuscade, faisant un humour douteux avec les républicains espagnols. Je gage d'ailleurs qu'il n'a pas la plus petite idée de ce que signifiait leur présence aux Glières, eux qui ont été accueillis par des barbelés quand ils ont fuit l'Espagne franquiste. Le documentaire "Un autre futur" retrace assez bien leurs luttes, leurs espoirs et leur courage.
L'attitude de Sarko est méprisable, ce type est haïssable, mais on le savait déjà. Ce qui est étonnant, c'est qu'il y a encore des gens qui sont capables de défendre un comportement ignoble comme celui de leur chef bien aimé. Petit florilège, issu des commentaires de l'article du nouvelobs.com suscité:
"Attention
Franchement, là, ça en
devient RIDICULE et décevant de la part d'un journal come le nouvel obs
de relayer une telle non-information ! A force de trop en faire, les
détracteurs de Sarkozy sont en train d'en faire une victime..."
De la part d'un type qui n'a vraisemblablement rien compris. Sarkozy, victime, on aimerait voir sa tête au bout d'une pique, mais ce n'est hélas pas pour demain.
Ou celui-là :
"Je suis farouchement opposé à ce que peut faire Sarkozy mais j'estime
que de le combattre dans les coulisses est le moyen de passer à côté de
l'essentiel.

Une fois le soufflet retombé ne reste rien si ce n'est le discrédit
pour les colporteurs de ragots. Il ne pas oublier que pour ceux qui ont
des urgences plus vitales avec les déferlantes de licenciements, les
activités économiques fragilisées dans presque tous les secteurs, la
pression sur les collectivités locales, et les angoisses plus diverses,
justifiées ou non, utiliser son énergie et son temps à cracher sur tout
ce qui a l'épaule qui tremblotte est proprement scandaleux.

Sarkozy, c'est sur le terrain qu'on lui rentre dedans, sinon c'est tout simplement nuisible à tous.

Mais enfin réfléchissez deux minutes avant de vous laisser tomber aussi
bas avec du journalisme qui force l'inquiétude et plus généralement une
ambiance délirante de désir de lynchage public. Une chasse à l'homme
n'est pas justifiable, en aucun cas."
En quoi des images documentées sont-elles des ragots ? On aimerait le savoir. Par ailleurs, même si il y a des infos plus importantes, celle-ci ne l'est pas moins : on y voit tout le mépris que Sarkozy a pour ceux qui se sont battus contre le fascisme, à se demander pour qui il penche vraiement lors de cette commémoration. Peut-être regrette-t-il la défaie des nazis qui a conduit sa famille à être expropriée et à fuir l'armée rouge ?

"On dirait que l'ensemble des journaliste de ce pays guette son moindre
faux pas! Incroyable, ils n'ont donc que cela à dire sur notre bon
Président. Vive Nicolas, celui qui restera dans l'histoire comme un
grand homme."
Un grand homme a un minimum d'intelligence. Chez Sarkozy, on la cherche toujours.

Bon j'arrête là, plus on avance dans la lecture de ces commentaires, plus on s'enfonce dans une espèce de fange constituée de tissus cérébraux qui auraient pu être des cerveaux s'ils n'appartenaient pas à des électeurs de l'UMP.


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12 octobre, 2009

Finkielkraut, le perroquet réactionnaire.

Alors, l'été dernier, j'ai lu un article du Nouvel Obs sur Finkielkraut et je me disais que j'en ferais volontiers un billet en rentrant. Las, je me suis fait doubler par CSP. Je ne voyais donc pas l'utilité de remettre cent balles dans la machine.


Mais voilà, il ne peut arrêter ces saillies, dans Marianne de cette semaine, d'après Fontenelle, il remet ça. Depuis tant et tant d'années qu'il répète que l'éducation va à vau l'eau, il en est devenu un spécialiste, c'est pratiquement le seul sujet sur lequel on l'interroge. Récemment, ce sont les projets pédagogiques, qui consisteraient selon lui à emmener les gosses à Disneyland et qui seraient un gaspillage de l'argent public. Il estime par ailleurs que l'excuse invoquée par les profs, à savoir que certains gamins n'auraient pas l'occasion d'y aller autrement ne tient pas. Et pour cause, pour notre ami Finkielkraut, habitué qu'il est à la soumission des élèves de polytechnique (soumission leur assure un statut ultérieurement et ils le savent), il doit trouver que l'enseignement doit obligatoirement être chiant.


Deux choses : la première, c'est que quand j'étais gamin (en primaire), les instits nous ont emmenés au parc Walibi près de la Tour du pin. C'est marrant mais une vingtaine d'année plus tard et un doctorat en poche, je ne trouve pas que cela ait eu une influence négative sur ma personnalité. Et oui, cette sortie a permis à l'époque à des camarades de classe de faire quelque chose qu'il n'auraient pu faire autrement. C'était bien un projet pédagogique, pas seulement à l'usage des élèves d'ailleurs, mais aussi de leurs parents : l'apprentissage de la solidarité, le fait de montrer qu'ensemble, on peut faire des choses que seuls on ne peut pas. Et quoi, fallait-il envoyer des gamins visiter le Louvre ?


Oui, certains diront, à quoi je répondrais qu'il y a un temps pour tout. Quand on a dix ans, il est rare que l'on soit près à passer deux heures dans une queue pour voir des choses pas nécessairement faciles à apprécier. Cela, je l'ai eu plus tard : à quatorze ans, j'ai visité Londres, et j'ai adoré le British Museum (particulièrement sa section sur l'Égypte), entre autres.


Maintenant, Finkielkraut se plaint de l'utilisation des portables à l'école, blah blah... Nul doute que ce soit ennuyeux pour le prof'. Sauf que ce n'est pas nouveau : avant c'était les bds, les batailles de gomme, ce genre de trucs. Il ne s'agit ni plus ni moins que de la même attitude adolescente typique, avec les moyens de son temps. Pas de quoi en faire un fromage, ni même des articles de journaux. Que Finkielkraut nous balance son avis là-dessus ne montre qu'une chose : sa réflexion est digne de celle du comptoir d'un "café du commerce" quelconque, avec les oripeaux et le vocabulaire de la "philosophie", mais sans la rigueur intellectuelle qui devrait accompagner une telle posture. Les délires de Finkielkraut sur un gamine de 13 ans qui, soi-disant posait nue et partant aurait mérité de se faire violer par Polanski le montre bien. On est purement dans l'argumentaire selon lequel, amie, si tu portes une mini-jupe, tu es de fait consentante et ne serais te plaindre si un mauvais sort était fait à ta pudeur.


Comme je le disais, répugnant comme les remugles de cerveaux imbibés de la mauvaise bière de n'importe quel "café du commerce" de France et de Navarre.



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03 octobre, 2009

Les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis

Je viens de lire ce billet du camarade Fontenelle, et je dois dire que j'en tombe un peu des nues. D'après Fontenelle, donc, le prix "Ni Dieu ni Maître" 2009 serait attribué à un pamphlet anti-islam. Bon, étant donné que je considère que toutes les religions sont nocives pour l'intelligence, je ne vois pas en quoi être choqué par cela. Ceci dit, je n'ai pas lu ledit bouquin, donc il faut voir, être anticlérical (au sens large) n'implique  pas nécessairement de tomber dans des dérives racistes à la Riposte Laïque (dont le site s'orne d'une cocarde, et en dernière analyse, je me demande bien ce que la laïcité à avoir avec la France ?), mais le risque est malheureusement assez élevé, et d'après Fontenelle, l'auteur est en plein dedans. Ce qui me choque le plus, c'est que le préfaceur de ce bouquin, Onfray, parle à un moment de "valeurs occidentales"... Say... what ? Comme diraient mes collègues. Que viennent faire les "valeurs occidentales" là-dedans ? Et de quelles valeurs occidentales parle-t-on ? De la propriété privée des moyens de production, de la hiérarchisation du travail ? Ou des droits de l'Homme ? Ce serait bien de préciser parce que je doute que les anarchistes un peu sérieux se reconnaissent dans les deux premières moutures. Et, Onfray, décidément en verve, nous ressort les raisonnements typiquement staliniens du type : "si tu prononces celà, tu es objectivement ceci", et n'oublie pas non plus une de ces affirmations péremptoires comme quoi, en dehors de l'Occident, il n'y a pas d'individus. Je suis désolé, mais j'aimerais, c'est peut-être une déformation professionnelle, qu'il appuie cette affirmation par des publications d'ethnologues contemporains concernant différentes civilisations, tribales ou non. Je ne sais pas pourquoi, mais de la part d'un donneur de leçons patenté qui confond l'Union Jack et le Star and Stripes, je trouve que l'on est en droit de se méfier. Une petite idée à Onfray : pourquoi ne pas appliqué à lui-même ce qu'il réclame aux autres ? C'est à dire un peu de rigueur intellectuelle.


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02 octobre, 2009

Pour une science indépendante, partout dans le monde.

La semaine dernière, j'ai raté mon bus pour rentrer du taf' (je sais, c'est une information inintéressante en soi mais elle me sert à introduire ce qui suit, alors un peu de patience), donc en attendant le suivant, vu que j'avais fini mes manips, je prend un science magazine et je feuillette les pages News. Et là, je tombe sur un entrefilet surprenant : un chercheur vénézuélien a été mis à la retraite d'office parce qu'il ne serait pas venu plusieurs jours de suite à son bureau. Bon, outre que généralement les scientifiques ne pointent pas (et pour cause : si ils le faisaient, quoiqu'en dise Sarkozy, les heures supplémentaires à payer grèveraient sérieusement les budgets des instituts de recherche), on peut s'interroger sur les raisons données par le directeur de l'institut de recherche en question. En gros, il ne serait pas venu à son travail, ses performances en tant que scientifique sont sujettes à caution. Sauf que, d'après Science, ce chercheur a une liste de publication tout à fait honorable. Mais voilà, ce même directeur de l'institut affirme que la bibliométrie classique est caduque car issue d'une entreprise (Thomson scientific) et qu'il convient de vérifier si les recherches faites par ce prof mis à la retraire d'office, donc, ont un quelconque intérêt pour le Vénézuéla. Bon.

Que la bibliométrie soit aux mains d'une entreprise (qui d'ailleurs vend ses classements) est certes un problème, dont certains chercheurs s'occupent par ailleurs. Ceci dit, cela ne saurait servir de masque à cet autre fait : Chavez a recruté (c'est le terme) un... ancien lieutenant pour serrer la vis aux chercheurs, naturellement tous petits bourgeois et donc suspects de collusion avec la droite réactionnaire vénézuélienne. Nul doute qu'il y ait des chercheurs vénézuéliens qui ont des sympathies pour cette droite, et alors ? Ces derniers ont le droit de penser ce qu'ils veulent de Chavez, ou le Vénézuéla n'est plus une démocratie ?
On voit bien ici que ce qui dérange les pouvoirs, qu'ils soient vénézuéliens, français, américains (surtout sous Bush) : c'est l'indépendance des chercheurs, qui non seulement n'accordent que peu de crédit (et avec raison) aux discours politiques, habitués qu'ils sont à juger sur des faits, mais aussi n'hésitent pas à contredire leurs gouvernements respectifs quand ceux-ci mentent effrontemment. Comment interprèter le fait que l'administration Bush ait muselé des climatologues américains qui contredisaient ses affirmations concernant le réchauffement climatique ? Ou les mesures prises en France qui vont aboutir à la destruction des sciences humaines, non rentables, mais qui ont aussi un peu trop tendance à confronter les discours politiciens aux réalités sociales (bien sûr, un sociologue aux ordres est toujours précieux, c'est pour cela que la filière ne disparaîtra jamais complètement) ?

Le savoir est un pouvoir. Il n'est donc pas étonnant qu'un gouvernement autoritaire, d'où qu'il vienne, cherche à le contrôler.


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07 août, 2009

Brève sociologie du militantisme anarchiste.

Je lis régulièrement CSP, c'est un blog que j'apprécie : clair, relativement bien écrit et assez jouissif. Surtout quand il attaque des petits faffons rancis dans la merde qui leur sert de cervelle. Certaines de ses analyses, comme celle sur le voile par exemple, sont parmi les plus pertinentes que j'ai lues jusqu'à présent. Mais... Son problème à CSP, c'est quand ses positions relaient celles de son parti. Sans préjuger de ces dernières, on observe alors un changement de style radical. On dirait qu'il se met à réciter un "catéchisme révolutionnaire". Ce qui m'amène à un problème plus large, celui du militantisme. Alors autant clarifier les choses : des militants, il en faut. Des individus qui se battent pour des causes, qui s'organisent pour faire passer leurs messages et, si possible, avoir une quelconque influence sur la marche du monde, c'est nécessaire. Le problème, c'est que les comportements moutonniers que l'on voit trop souvent parmi nos concitoyens se retrouvent aussi dans les structures militantes. Et je trouve cela assez déplaisant.

La plupart des organisations révolutionnaires sont soumises à cette quadrature du cercle : bien que leur objectif affiché soit l'émancipation des individus (individus au sens libertaire du terme, j'y reviendrai un jour), elles sont souvent remplies de gens dont le suivisme a un côté affligeant. Je l'ai vécu quand j'étais moi-même militant. J'ai assisté à la création de clans, à l'intérieur desquels l'homogénéité des positions ferait envie à l'UMP, à l'éviction  rampantes de personnes coupables de ne pas rentrer totalement dans le moule. À la "résolution" de conflits par le harcèlement, le dénigrement... En bref, les pratiques les plus puantes je les aies observées, voire vécues d'un côté comme de l'autre du manche. Pour quoi, au final ?

Rien. Que dalle.

La structure dont je parle est toujours là, mais j'ai l'impression qu'elle s'est vidée de sa substance, alors que plusieurs groupes dynamiques en ont rejoint d'autres. Déjà, à l'époque, "on" tentait de se convaincre que les idées anarchistes intéressaient de plus en plus de monde, que sous peu, il y aurait un grande organisation anarchiste de masse, un peu à l'image de la CNT espagnole. Était-ce vrai ? Je n'en sais rien. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il fallait pas mal de tripes pour s'accrocher à une orga dont le bulletin intérieur se résumait souvent à des empaillades stériles. Empaillades ridicules, qui plus est à l'aune des enjeux, des objectifs que c'était donnée l'organisation. Et ça, c'était au niveau fédéral. Au niveau des groupes locaux, ce n'était souvent pas très différent.
En fait, quand j'y pense, un schéma se fait jour qui aux variations près est le même : dans chaque groupe, il y avait (je parle au passé, je ne sais pas si c'est toujours le cas même si je ne me fais, hélas, pas d'illusions) un membre dominant, une grande gueule qui imposait sa volonté ou ses analyses par différentes techniques telles que le copinage, le chantage affectif, le discours à la Castro... En face, invariablement, des suivistes, intéressés par les idées, certes, mais qui ne prenaient pas de part active à la réflexion. Certains enjeux (par ailleurs ridicules) les dépassaient complètement, et qui dès qu'ils prenaient des initiatives s'en prenaient plein la gueule par ce qu'ils n'avaient pas fait les choses comme il fallait. De temps en temps, les dominants (ils sont souvent plusieurs, ils sont souvent en couple) partaient en vacances, laissant une niche libre pour un autre, ou des autres, dominant(s). Au retour s'ensuitvai une lutte larvée pour récupèrer ou conserver la place chèrement acquise sur le front des luttes. Les conflits qui se font jour ensuite ne sont pas solvables de manière saine ils ne sont pas ouverts. De fait, leur résolution implique qu'une des parties quitte le groupe. Et c'est là tout le problème : rien n'est changé sur le fond, la partie gagnante, celle qui reste, ne voit pas ses pratiques remises en causes. Dans bien des cas, le conflit de politique devient personnel, ce qui achève de plomber le truc. C'est peu dire que de tels conflits sont récurrents. Il est rare qu'un groupe survive plus de cinq ans. Et que deviennent, en plus, les anciens militants de ces groupes ? La plupart dégoûtés par le décalage entre le discours et les pratiques, abandonnent définitivement ce champ de l'action sociale et n'en retirent qu'une expérience amère.

Depuis sept ans maintenant j'ai quitté la France, mon métier ne me laisse pas le loisir de militer, et même si parfois cela me manque, j'avoue que je réfléchirais à deux fois avant de me relancer dans pareille aventure : il est hors de question pour moi de le refaire dans des conditions où l'autosuggestion est si forte que le déni de réalité devient une marque de ce militantisme. Où l'on voit plus le risque que le bénéfice, où, en définitive, certains refusent l'ouverture à l'extérieur par peur que leur petit monde privilégié, leur discours auto-centré soit remis en cause par la confrontation avec des camarades qui viennent d'autres horizons.


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02 août, 2009

Réductionnisme vs charlatanisme

Je ne suis pas philosophe, je suis un scientifique. Ceci dit, j'ai plusieurs fois été confronté à des philosophes qui voulaient m'apprendre mon métier. Le problème avec certains philosophes des sciences, c'est qu'ils ne sont pas scientifiques eux-mêmes. La plupart n'ont jamais mis les pieds dans un labo et ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, les limites techniques de notre travail. Ainsi, le domaine qui est le mien est souvent pointé du doigt pour son "réductionnisme" sa tendance à "saucissonner" les problèmes. Ce qui est remarquable, c'est que cette critique, qui m'a été faite au sujet de la biologie en général, l'a été en s'appuyant sur Bergson, qui apparemment ne la formulait qu'en ce qui concernait les sciences cognitives. Un autre point est qu'elle a été formulée avant la révolution de la biologie moléculaire, ce qui l'a rendue obsolète. En effet, les progrès dans les les méthodes d'analyses autorisent de plus l'exploration du métabolisme d'une cellule dans son ensemble. Ceci dit, la complexité d'organismes aussi "simples" que la levure d'une part, et la masse de données produites par les nouvelles technologies telles que les puces à ADN ou les études d'interaction à haut débit utilisant la spectrométrie de masse obligent à une certaine validation des observations, simplement pour distinguer un phénomène significatif du point de vue physiologique d'un simple bruit de fond. Et cela implique un retour à des méthodes que d'aucuns qualifieraient de "réductionnistes" : l'étude du comportement d'une protéine dans une ou plusieurs conditions définies. La différence fondamentale, c'est que les chercheurs ont à l'esprit le contexte environnant. D'ailleurs, je trouve un peux présomptueux de la part de certains philosophes de penser que les chercheurs n'ont jamais réfléchis à ce problème. Encore une fois, les limites techniques conditionnent les capacités d'interprétation. C'est une notion importante : pour retourner vers les neurosciences, la seule approche scientifique qui vale est matérialiste :  des interactions biochimiques qui résultent dans la création d'un courant électrique qui va conduire à la libération de neurotransmetteurs au niveau de la synapse, ce qui en retour va créer de nouvelles interactions biochimiques. En adoptant une telle approche, les chercheurs ont les outils conceptuels nécessaires et suffisants pour expliquer la conscience, et la mémoire, par exemple. En d'autres termes, le cerveau intègre une multitude de signaux, et il est raisonnable de penser que cette intégration produit la conscience et la mémoire. C'est une hypothèse scientifique dans le sens qu'elle peut être testée scientifiquement. A contrario, toutes les hypothèses implicant une explication non-matérielle à l'esprit (une séparation de l'âme et du corps) n'est pas scientifique : elle ne peut être testée de cette manière. Or il se trouve, et je vais paraître arrogant, mais une hypothèse n'est scientifique que si elle peut être testée par des méthodes scientifiques. Toute autre méthode n'est pas pertinente du point de vue scientifique (et surtout pas la rhétorique). Comme j'ai le gros défaut d'être un matérialiste pur jus, toute hypothèse qui implique une certaine transcendance de la conscience, qui postule que celle-ci ne serait pas la conséquence directe de phénomènes physiologiques est nulle et non avenue. Simplement parce que non démontrable.


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21 juillet, 2009

Tchernobyl, le retour.

En 1986, j'avais onze ans, on a eu droit au nuage radioactif qui s'arrête aux frontières françaises. La France, par on ne sait quelle grâce divine, a évité les radiations. Quelques années plus tard, le soufflé est retombé : le mensonge est éventé le scandale fait la une des médias (pas pendant longtemps, ceci dit). Je n'ai pas le souvenir de poursuites contre les responsables de ce mensonge (le directeur de L'institut national de protection contre les radiations ionisantes, Mitterand et Chirac, entre autres). Or, d'après l'auteur de ce blog, c'est reparti comme en 1986, si j'ose dire. Le gouverne-ment minimiserait l'impact de la grippe A sur la population en France et se comparerait avantageusement avec la Grande-Bretagne, un pays qui, lui ne minimise pas le problème et ne cache pas le nombre de personnes infectées à la population. Comme j'y vis, je peux vous dire que c'est loin d'être la panique. C'est une pandémie, certes. Mais des pandémies de cette sorte, il y en a tous les ans, en hiver. Alors bien sûr, des personnes meurent de cette grippe. Comme des autres.
Deux choses sont scandaleuses, ceci dit. La première, c'est l'utilisation sans vergogne que fait ce gouvernement d'un problème de santé publique pour sa propagande au lieu de traiter ce problème de manière sérieuse en tenant la population informée. La deuxième, c'est le silence, voire la complaisance des médias français vis-à-vis de ce gouvernement : vu d'ici, peu de critiques de ses actions de la part des médias, voire un simple relais de la communication gouvernementale, comme cet article de Libération le montre. Que dire, en effet des 600 cas français alors que la Grande-Bretagne en compte près de 10.000 ? Oui, vous m'avez compris. Les symptômes étant bénins, pas mal de malades passent à travers les mailles de la détection.
La question qui se pose, dès lors est la suivante : quelle attitude aura un gouvernement de ce type lorsque quelque chose de vraiment sérieux se profilera à l'horizon ?


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29 juin, 2009

Que vont dire nos sous-penseurs ?

Après la saillie pitoyable de Finkelkraut, sur le fait que on aurait un gouvernement gentil et qu'il ne faut pas se plaindre, parce qu'il y a pire ailleurs. Quel argumentaire débile, franchement, c'est vraiment du niveau d'une cours d'école. Et encore, les gamins ne sont pas de prétentieux pédants. Sa défense de la loi HADOPI est pathétique, elle serait un droit de l'homme d'enfant gâté. Cette loi est inappliquable, le problème ceci étant tient aux principes qu'elle pose : la charge de la preuve n'est plus à l'accusateur mais à l'accusé, on est présumé coupable dès le départ... En gros, il dénonce le totalitarisme en Iran en défendant un système qui pourrait éventuellement donner des outils de surveillance (ou au moins des outils juridiques pour la répression) à un État totalitaire en France. À moins bien sûr de considèrer que la démocratie est une fin de l'histoire et que le danger totalitariste (et fasciste, pour parler clairement, je ne vois pas de parti en capacité d'imposer un régime stalinien en France), ce serait oublier l'Allemagne des années trente, qui était une démocratie avant 1933.

Je pensais, donc, en écoutant cet infâme Finkelkraut, à Alexandre Adler, dont les délires sur Chavez feront longtemps partie de bêtisier de la "pensée" de comptoir. Il n'avait pas son pareil pour critiquer la "censure" des médias au Vénézuela de Chavez, j'attends vivement qu'il réagisse à ceci
Dans la capitale Tegucigalpa, les télévisions et radios publiques,
favorables au gouvernement déchu, sont toujours réduites au silence,
tout comme la chaîne américaine CNN, depuis qu'elle a mis en doute la
version officielle sur le retrait volontaire du président élu.
C'est tiré de cet article. J'attends avec impatience sa réaction sur ce sujet.


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27 juin, 2009

Triste actualité

Non, ce n'est pas la mort de Jackson : je m'en bat l'aorte avec une pelle à tarte, non, c'est çà. Inutile de m'étendre sur le sujet : Superno et Fontenelle le font très bien pour moi.


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Quand l'humour doit épargner les puissants...

Tout le monde se souvient des tollés successifs déclenchés par Stéphane Guillon suite à certains de ces billets. Enthoven, Levaï (c'est un exemple, il a  commis d'autres saillies du genre) et Claude Imbert ont dénoncés cet humour qui "exclue" d'après Imbert, qui censure, d'après Enthoven et qui est simplement ordurier d'après Levaï.
Il y a quand même un problème de perspective : que je sache, ni Martine Aubry, ni Sarkozy ni Strauss-Kahn ne sont vraiment à plaindre dans leur quotidien. Je ne vois pas en quoi les moquer serait un "danger pour la démocratie", rien que çà. C'est ridicule, qui au premier chef s'érige en censeur ? Qui exclue aujourd'hui, quasi-quotidiennement, en France ? Stéphane Guillon ? Ou le régime sarkosien et ses affidés qui expulsent des sans-papiers à tour de bras ?
Il fut un temps où l'impertinence, la critique étaient vues comme des qualités essentielles, il ne fallait pas être suspecté de sympathie excessive pour le pouvoir. Maintenant, c'est le contraire. Moquer les pauvres ou les fonctionnaires, même - surtout - durement çà va ; c'est même recommandé. Par contre, si on s'attaque au roi Sarkozy, ou à un membre de sa classe sociale - fût-il de "gauche" -, celà revient à s'attaquer à l'aristocratie.

D'ailleurs, oui, l'époque sarkozyste a bien des relents d'ancien régime.


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24 juin, 2009

La touchante naïveté de certains jounalistes

De temps en temps, je vais lire le blog de Jean Quatremer, journaliste à Libération et communiquant de l'Union Européenne. Parfois je tombe sur des perles : Quatremer est le seul bloggueur que je lis capable de troller dans les commentaires de son propre blog. C'est fort. Évidemment, il vaut mieux être de son avis si on veut échapper à la citation hors contexte ou à l'ironie facile. C'est tellement mauvais que parfois je me demande si il le fait exprès ou si il ne comprend pas certains commentateurs (ils va de soi que d'autres commentateurs méritent amplement son ironie, mais bon, eux, ils ont l'habitude de polluer n'importe quel site avec leurs a-réflexions, j'y reviendrai un jour).Mais revenons à notre mouton, Quatremer, donc. C'était à l'occasion de son billet sur le discours fédéraliste de Ségolène Royal. Un commentateur, Mael, fait la remarque suivante :



L'Europe ou le chaos du nationalisme ?



Et après on veut nous faire croire que les eurofédéralistes ne jouent pas sur les peurs...



On peut vivre en bon voisins, avec des lois différentes mais en bon termes.



Les USA sont indépendant du Canada, pourtant ils ont d'exellentes relations.



Ségolène a son avis sur l'Europe très bien... mais comment peut-elle dire que les français veulent "plus d'Europe" ??



Elle le voit au taux d'abstention élevé des élections européennes ? Au résultat sur du référendum du 29 mai 2009 ?



Elle prend ses rêves pour la réalité...


Auquel Quatremer répond :



Excellente remarque, pleine de finesse et qui montre une connaissance de l'histoire hors du commun. Combien de guerres déjà entre le Canada et
les Etats-Unis? J'ai oublié et j'aimerais beaucoup que vous me
racontiez les guerres américano-canadienne, les dizaines de millions de
morts, les destructions mutuelles, etc. Racontez moi, j'attends avec
impatience. J'imagine que votre exemple n'est pas dû au simple hasard?
Vous auriez pu aussi nous citer des pays Africains, moyen-orientaux,
orientaux aussi? Je ne sais pas, moi, par exemple l'Inde et le Pakistan
dont l'harmonie est tellement parfaite qu'on rêve tous de copier ce
modèle.


Admirez la rhétorique pubère de notre plumitif. Pris d'un doute affreux quand aux guerres nord-américaines, qu'il sous-entend nombreuses et meurtrières, je vérifie et lui réponds ensuite :




Il me semble qu'il n'y a eu que deux guerres américano-canadiennes. Toutes
lorsque le Canada était sous domination britannique. Et moins de 10.000
morts en tout. Une histoire pas idyllique, mais loin de ce qui ce
passait en Europe à l'époque (guerres napoléoniennes).

Même si je ne suis pas d'accord avec Mael, votre remarque est loin d'être un modèle de finesse non plus.

Je ne lui ai rien dit à propros des tensions indo-pakistanaises : il a évidemment raison. Il ne me réponds pas tout de suite : il a été démasqué, son argument sur le Canada et les États-Unis, qui contrait celui de Mael quand à la bonne entente de ces deux pays est fallacieux, et il le sait. Un autre commentateur le reprend en faisant remarquer à juste titre qu'il y a eu une guerre civile au sein d'une fédération. Auquel Quatremer répond :

Il y a d'autres grands pays, comme la Russie, au hasard, qui a souvent fait la
guerre a ses voisins. L'espace et la richesse en matière première
n'expliquent pas tout.

La guerre de Sécession a été une guerre civile. Quant aux guerres
américaines, cela va dans mon sens: je ne connais aucun pays qui vit
dans un espace de paix perpétuel comme l'Union. Aucun.



Et là, je dois dire que je suis un peu irrité : mon commentaire n'allait pas dans son sens, au contraire, il signifiait simplement que oui, il y a bien eu des guerres entre les États-Unis et le Canada (toutes à l'initiative des États-Unis, d'ailleurs), et que non, elles n'ont pas eu le bilan catastrophique qu'il leur prête. D'autre part, ces guerres ont eu lieu alors que les États-Unis n'avaient pas encore la forme qu'ils ont à l'heure actuelle : leur territoire s'étendait à peine vers l'Ouest du Missippi à cette époque. C'est-à-dire extrèmement tôt dans l'histoire commune des deux pays (en prenant une vision européo-centrée ici, mais c'est pour la commodité du propos). En d'autres termes, le Canada et les États-Unis ne se sont pas fait la guerre depuis plus de 150 ans. Mon commentaire n'allait pas dans son sens, au contraire, il tendait à démontrer la fausseté de son argumentaire concernant la soi-disant histoire sanglante que le Canada et les États-Unis partagent (je ne parle pas ici des "premières nations" qui se sont fait allègrement massacrer des deux côtés de la frontière, un peu moins au Canada, peut-être). Si il perd son boulot à Libé, il peut chercher dans la politique, il a les "qualités" requises : mensonge éhonté et déni de la réalité. En fait, il peut direct prendre sa carte a l'UMP : avec un CV pareil, il aura bientôt un poste de ministre. Ceci dit, vient la perle de son commentaire :
je ne connais aucun pays qui vit dans un espace de paix perpétuel comme l'Union. Aucun.
Quoi ? Attends mon petit Quatremer, tu délires, là, non ? L'Union n'a que cinquante ans, et encore, le projet européen a changé plusieurs fois de forme entre 1954 et 2009. C'est un peu court pour parler de perpétuel, non ? De plus il y a des états fédéraux qui ont bien subit des guerres civiles : les États-Unis déjà mentionnés avec la célèbre guerre de Sécession, la Suisse avec la guerre du Sonderbund (pour ne parler que de la plus récente) et enfin, encore plus prêt de nous dans le temps, la guerre qui a déchiré la Yougoslavie, qui était aussi un état fédéral.
L'Histoire est claire : le fait de se fédérer n'implique en aucun cas un état de paix perpétuelle. Et l'on ne peut juger de ce qui se passera en Europe dans les années à venir. D'autant, comme l'écrit Quatremer lui-même dans cette note (au passage, à la fin de cette note, il laisse entendre que vouloir une Europe de gauche est être eurosceptique; pourquoi l'Europe doit être de droite, selon lui ?), qu'il existe des courants nationalistes forts, surtout en Europe centrale où la question des minorités n'est pas réglée. Il se peut très bien que, comme cela s'est pas passé en Yougoslavie, des politiciens instrumentalisent certains conflits pour leur profit personnel. On voit ce que cela a donné.
Alors franchement, dire que l'Union est un espace de paix perpétuelle, j'aimerais bien, hein, ce n'est pas le problème, mais un minimum de rigueur intellectuelle permettrait d'éviter d'écrire de telles bêtises.


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22 juin, 2009

Val : "France Inter se renforce en s'épurant"

Quand j'ai lu que le secret de Polichinelle était révélé, je me suis méchamment retenu de faire un commentaire. Histoire de laisser à Val le bénéfice du doute. Ce doute, et donc le bénéfice concomitant ne sont plus de mises : il a réussi à virer un journaliste à peine deux heures après sa prise de fonctions officielle à France Inter. Mais là, je crois, il a affaire à autre chose que Charlie. En face, il y a des syndicats, des gens qui ont une tradition de lutte. Ce n'est plus le "petit" journal où la rhétorique du "seul contre tous" peut faire tenir un groupe un certain temps. Là, il va falloir qu'il fasse avec des gens qui ne sont pas nécessairement prêts à avaler des couleuvres sans rien dire.
Mais c'est "globalement positif", comme aurait dit Georges : peut-être que ceux qui doutaient encore vont voir de quoi Val est le nom.

Nul doute cependant que les plumitifs aux ordres habituels vont voler à sa défense, en criant à "la haine de Val", comme lors de l'affaire Siné. Sauf que là, quand même, deux heures pour virer un mec, il faut y aller.


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18 juin, 2009

Atteinte à la dignité, crime contre l'humanité

Un gars se noie en voulant se laver. Tout ça parce qu'on a décidé qu'il fallait cacher la misère de ces migrants que personne ne veut. Parce que la plupart viens d'Afghanistan et que là-bas, depuis que ce n'est plus que par les talibans que l'on est tué, mais aussi par les bombes de l'OTAN, il est devenu plus acceptable de mourir.

Au
passage, il me semble que l'une des explications avancées par le
malfaisant à l'époque était que Sangatte créait un "appel d'air" pour
les candidats à l'émigration vers le R-U par le relatif "confort" qu'il
créait (admirez le cynisme du personnage). Sous couvert de bon sens
populaire (vous savez, ce truc qui ferait que l'on éxecute la moitié
des taulards pour remédier à la surpopulation carcérale par exemple),
celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom savait pertinement quelle
situation il allait créer, ce qui lui permettrait de pointer du doigt
ces immigrés-sales-et-dangereux pendant la campagne que l'on sait.
La mairie de Calais est elle pleinement responsable du l'atteinte à la dignité des migrants. En refusant d'installer des douches à une distance acceptable, elle fait leur dénide fait leur statut d'être humains.
En
gros, les deux sont coupables de crimes contre l'humanité. Il me semble
qu'il existe un pays, situé pas loin de Calais, d'ailleurs, qui
pratique ce qu'on appelle la "juridiction universelle" pour ce genre de
choses. peut-être qu'il y aurait moyen de porter contre le malfaisant
et son affidée, bourgmestre de Calais, non ?

Au-delà de l'horreur de ces positions politiques, cet état de fait démontre la bêtise crasse de nos dirigeants, une fois de plus. En refusant à cette population le minimum d'hygiène, c'est tous les habitants du calaisis qu'ils mettent en danger en créant des foyers d'infections proches de grands centres urbains. Mais peut-être est-ce voulu, peut-être cela participe-t-il de la fabrique de boucs émissaires, nécessaires pour cacher les turpitudes de ce gouvernement mafieux.

P.S: la situation des migrants de Calais et de
sa région fait scandale ici, depuis que je suis arrivé, j'ai vu au
moins deux reportages sur le "Guantanamo français". Je parle bien sûr
du Royaume-Uni. Tiens peut-être que cette crapule de Blair a une petite
responsabilité là-dedans aussi, en faisant pression sur le gouvernement
français de l'époque, mais je n'en suis pas sûr du tout.

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12 juin, 2009

De l'abstention...

Depuis les européennes, j'ai entendu et lu, même sur des forums consacrés à linux (ubuntu, pour ne pas citer la distro en question) pas mal de messages qui en substance criaient haro! sur les abstentionnistes. Bon, on peut comprendre que certains au P"S" l'aient un peu mauvaise, quand aux autres, et bien je gage que les militants du NPA, de LO ou du Front de gauche (dont je m'interroge sur l'espérance de vie) ont fait leur "devoir", plus de militants que civique, d'ailleurs.
Les droitiers ont sûrement été votés : premièrement, c'est dans leurs habitudes de faire où on leur dit et ensuite, malheureusement, à part si on est un nostalgique du fascisme ou du nazisme, il faut bien reconnaître que le régime sarkozyste applique un programme de droite. Contrairement aux électeurs de gauche, donc, les électeurs de droite n'ont pas l'impression de se faire enfler. Du moins pas tant qu'ils ne rencontrent pas de matraques ou qu'ils ne passent pas des heures indues dans un commissariat. Mais si ça leur arrive, on ne va pas les plaindre, hein. Ils ont voulu la flicaille à chaque coin de rue, la couverture, pour ne pas dire l'encouragement des bavures, ils l'ont, qu'ils se démerdent avec si cela leur arrive.

Non, ce qui me fait marrer, c'est le discours outré de certains qui sortent gnagnagna il fallait aller voter, gnagnagna sinon pas le droit de râler gnagnagna. Sauf qu'il y a peut-être des gens, comme moi, qui considèrent que les élections dans l'état actuel des choses reviennent à donner un chèque en blanc aux politiciens, sans contrôle du mandat. En gros, comme disais cette grosse baderne de Barre :
les promesses n'engagent que ceux qui les croient

Alors, ok, l'abstention du type "pêche à la ligne" est tout sauf une solution. D'un autre côté, on ne peut blâmer certains électeurs de gauche de ne pas s'être déplacés : le P"S" n'est plus rien, les projets du NPA et du front de gauche ne sont pas clairs du fait des tentatives à répétition des médias d'occultation des débats en les transformants en évènements "people". Quand à la liste europe-écologie, elle réunit des gens aussi éloignés que Bové et Cohn-Bendit, difficile de ne pas y voir une simple alliance de circonstance pour rentrer au parlement européen, sans réelle perspective programmatique pour la suite. Maintenant, c'est aussi facile de faire son "devoir de citoyen" et de s'en laver les mains par la suite, repus dans sa bonne conscience. Parce que, au final, et je ne considère que les électeurs de gauche ici (les autres ne m'intéressent pas : ce ne sont pas adversaires mais des ennemis), c'est aussi facile de mettre, une fois de temps en temps, un bulletin dans l'urne et de se dire "maintenant je suis tranquille, vogue la galère". Je connais des abstentionnistes qui, eux, mettent vraiment les mains dans le cambouis, en aidant des grévistes quand ils ne font pas grève eux-mêmes, en faisant acte de solidarité envers les sans-papiers, en se colletant avec les cognes, parfois (souvent même pas pour des prétendues infractions).

Alors, au final, les donneurs de leçons me font bien marrer, surtout si ils émargent au P"S", parce que sans déconner, ce parti en est là où il est de son seul fait. Si il n'avait pas viré à droite, peut-être aurait-il actuellement plus d'électeurs. Mais bon, il a choisit la voie de la traîtrise et ce n'est pas d'hier, alors pourquoi lui faire confiance ? Même en 1936, les promesses du Front Populaire n'ont été appliquées qu'à la suite d'une grève générale de plusieurs semaines, grève déclenchée pour forcer le Front Populaire, et surtout la SFIO (le P"S" de l'époque) à les tenir.

EN DÉFINITIVE, SEULE LA LUTTE PAIE.

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08 mai, 2009

Aaargh!!!

Aaaargh !!! Je viens de lire cet article et celui-ci. Et surtout, je sais je n'aurais pas dû, les commentaires afférents. À chaque fois, certains commentaires sont consternants de bêtise crasse et d'ignorance. Je le savais "théoriquement" : une société de classe ne tient que par la frustration de certaines catégories de population envers d'autres, méconnues ou mal connues. Là c'est démontré. Ce que je ne comprends pas, c'est la que cette rhétorique du chercheur ou de l'étudiant "parasite" passe facilement, alors que d'autres parasites réels, eux, puisqu'ils pillent le travail, sont relativement laissés tranquilles, comme Lionel Biebuyck qui éructe ça :
C’est peut-être moi qui ai le plus perdu entre l’effondrement des cours de bourse et les dividendes qui fondent

Citation tirée de cet article.
Ce que je ne comprends pas dans les commentaires des articles de libé (je n'ai pas le courage de CSP, je ne vais pas lire ceux des articles du Figaro), c'est que certains défendent des réformes qu'ils ne connaissent pas, et d'autres prétendent que le monde de l'enseignement, en l'occurence de l'enseignement supérieur, ce qui est purement et simplement un mensonge. Voir les pdf.
Ou serais-ce que ces commentateurs sont stipendiés par l'Union des Momies Pétrifées pour polluer le net de leur rhétorique nauséabonde ?

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27 avril, 2009

Que faire ?

Une bonne question, déjà posée par Lénine il y plus d'un siècle. Je sors ce blog de sa longue hibernation. Non pas pour, comme lors de certains de mes précédents posts, m'interroger sur le sens de la vie et tout ce qui s'ensuit... Je venais de me faire larguer et bon, il fallait que je m'épanche. Pas très intéressant, mais cela a au moins eu le mérite de m'éviter de payer un psychologue.

Plus sérieusement, je vais parler un peu de ma lointaine vision de la crise de la recherche en France. Cela m'intéresse car, étant chercheur moi-même, je suis en train de me poser pas mal de questions sur un éventuel retour en France. Tout d'abord, j'ai fait ma thèse en Allemagne et je suis actuellement chercheur à Londres. Je n'ai été qu'étudiant en France.
La situation en France est inquiétante, non du fait des chercheurs, qui n'ont pas à rougir par rapport à leurs collègues de l'étranger. Les labos français, en terme de publications, sont souvent dans les cinq premiers. Les discours de la droite sur un supposé déficit de qualité de la recherche française sont donc mensongers et démentis par les faits. Malheureusement, cette majorité semble être caractérisée par un déni de la réalité et une raideur idéologique rarement atteinte, à part peut-être dans l'administration Bush ou en Corée du Nord. À moins que ce ne soit qu'un anti-intellectualisme primaire de bon aloi quand on veut être démago. Ce qui n'est pas du tout le genre de Nicolas Sarkozy, oh non, pensez-vous...

En écoutant le discours du gouvernement, de Sarkozy, et de certains éditorialistes on peut se demander ce qu'ils veulent. Que des plumitifs aux ordres existent, ce n'est malheureusement pas une nouveauté, même si cela ne laisse pas d'étonner. Le gouvernement est dans son rôle, à savoir, essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes à la majorité de la population. C'est d'autant plus facile en ce qui concerne la recherche ou l'université que ces milieux sont mal connus et donc faciliement sujets à caricature.

Je ne vais pas entrer dans le détail des réformes. Il y a suffisamment d'articles, d'infos, notamment ici pour satisfaire les curieux. À ceux qui se plaindraient d'une éventuelle partialité, ils n'ont qu'à lire les articles du point, les éditos de Franz-Olivier Giesbert ou de Sylvie Pierre-Brossolette pour avoir l'autre point de vue. Je prétends à l'objectivité quand je suis à la paillasse ou que j'écris un papier, pas quand je parle politique. Et dans ce billet (et sûrement d'autres à venir, je parle politique, donc...).

Bon, en dernière analyse, les impressions qui se dégagent de ces réformes sont que :

1 - la droite veut détruire l'indépendance de la recherche, surtout des sciences humaines, ces repèrent de gauchistes qui produisent des outils utiles pour comprendre les mécanismes de domination qui existent dans nos sociétés. D'où un pouvoir accru aux présidents des universités et, je suppose, un contrôle accru sur les directeurs du CNRS, de l'INSERM, de l'INRA...

2 - la recherche fondamentale ne sert à rien : elle ne rapporte pas d'argent à court terme, il faut donc la remplacer par une recherche appliquée plus rentable (en théorie). D'où les crédits d'impôts aux entreprises finançant la recherche. Problème, aucun système de contrôle n'est mis en place pour s'assurer que les entreprises bénéficiaires participent effectivement à l'effort de recherche. Cette mesure, présentée par le gouvernement comme une aide au financement de la recherche n'est en fait qu'un cadeau déguisé de plus aux entreprises. C'est le MEDEF qui se frotte les mains. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche est une diplomée d'HEC qui n'a jamais dû mettre les pieds dans un labo autre que d'analyse médicale.

3 - la droite en a marre de ces chercheurs financés sur des projets qu'elle ne peut pas comprendre (la droite ne comprend que les projets scientifiques ayant trait à la sécurité, au contrôle des populations, au militaire) et veut donc être plus dirigiste sur les recherches effectuées. D'où la création de l'ANR, qui finance 70% de projets entrant dans un cadre défini au préalable (par qui ?) et seulement 30% de projets "blancs" (à l'inverse de la DFG allemande, par exemple).

Alors, on a beau jeu, à Matignon, à l'Élysée et ailleurs de dire que les universités françaises sont mal classées. Le problème c'est qu'il faut savoir de quel classement l'on parle. La France a des spécificités : les grandes écoles et les grands organismes de recherche. Ce qui fait que si le classement est effectué sur le taux de jeunes diplômés ayant trouvé un emploi six mois après être sortis de l'universités, par exemple, les "Grandes écoles" seront favorisées en France, alors que dans les autres pays, les universités sont favorisées par rapport aux écoles d'ingénieur, qui ne sont que le second choix. De même, la double appartenance des chercheurs en France (une université et un organisme de recherche) fait que, souvent, l'organisme apparaît comme la première affiliation dans les publications, aux dépends de l'université. Ce n'est pas le cas ailleurs. Donc si le classement est effectué sur les publications produites par les universités, les universités françaises seront automatiquement défavorisées.
Ces deux exemples ne signifient pas que les universités françaises sont mauvaises, simplement que les classement internationaux ne sont pas adaptés à la réalité française. Au-delà du fait que la pertinence de ces classements est discutable, le fait qu'ils soient utilisés par la droite régimaire pour justifier la destruction du système de recherche français (sous prétexte de le réformer) est proprement scandaleux et en dit long sur ce que ce gouvernement est prêt à faire pour arriver à ses fins.

Maintenant, la question est, pour les chercheurs, que faire ? Le gouvernement n'a pas bougé à part sur de fausses concessions dont tout le monde sait qu'elles ne sont même pas symboliques. La pression s'accroît sur les enseignant-chercheurs d'un point de vue financier et légal. Les vacances universitaires approchent et l'autre question qui se pose est la suivante : que va-t-il se passer pendant, et après, l'été à venir ? Comment va rebondir la contestation ?

Une chose est sûre : je n'ai pas fait cinq ans d'études et pas mal d'années de thèse pour me faire cracher à la gueule par un président qui érige la vulgarité et l'inculture en méthode de gouvernement. Si il considère que je suis un parasite, il peut aller se faire foutre, je ne vais pas rentrer en France pour engraisser par mes impôts un type qui considère que l'intelligence se trouve au niveau du portefeuille.