20 décembre, 2011

Du politiquement correct

Récemment, CSP a constaté que le « politiquement correct » était mort. Qu'il avait échoué à changer les mentalités. Si je suis d’accord avec son constat, je doute que l’objectif du « politiquement correct » ait jamais été de changer les mentalités. Cette invention a surtout eu pour objectif d’adoucir l’oppression des minorités, visibles ou non, des femmes et de tous ceux qui sont différents. L’invention du « politiquement correct » n’a pas été faite pour les opprimés. Elle a été faite pour que les oppresseurs, et leurs auxiliaires des classes moyennes, aient bonne conscience. Le politiquement correct est l'équivalent sémantique des dons au sidaction, à la Croix-Rouge ou à n’importe quelle organisation caritative. Accessoirement, elle permettait de dépolitiser le quotidien des minorités, leur faisant croire que les courants de fond du racisme, de l’homophobie et de la mysoginie avaient disparus, et que ceux qui exprimaient de telles pensées réactionnaires n’étaient que les représentants d’un passé désuet. L’affaire DSK a d’ailleurs montré, de Jean-François Kahn à Ivan Levaï, que ce n’était pas le cas : les faiseurs d’opinion eux-mêmes donnent dans le sexisme — doublé du mépris de classe — du plus bas étage. Cette affaire aura au moins eu le mérite de révéler la boue qui leur sert de pensée.

Il n'est donc pas étonnant que le politiquement ait « échoué » à changer les mentalités : cela n’a jamais été l’objectif de cette révolution rhétorique