20 décembre, 2011

Du politiquement correct

Récemment, CSP a constaté que le « politiquement correct » était mort. Qu'il avait échoué à changer les mentalités. Si je suis d’accord avec son constat, je doute que l’objectif du « politiquement correct » ait jamais été de changer les mentalités. Cette invention a surtout eu pour objectif d’adoucir l’oppression des minorités, visibles ou non, des femmes et de tous ceux qui sont différents. L’invention du « politiquement correct » n’a pas été faite pour les opprimés. Elle a été faite pour que les oppresseurs, et leurs auxiliaires des classes moyennes, aient bonne conscience. Le politiquement correct est l'équivalent sémantique des dons au sidaction, à la Croix-Rouge ou à n’importe quelle organisation caritative. Accessoirement, elle permettait de dépolitiser le quotidien des minorités, leur faisant croire que les courants de fond du racisme, de l’homophobie et de la mysoginie avaient disparus, et que ceux qui exprimaient de telles pensées réactionnaires n’étaient que les représentants d’un passé désuet. L’affaire DSK a d’ailleurs montré, de Jean-François Kahn à Ivan Levaï, que ce n’était pas le cas : les faiseurs d’opinion eux-mêmes donnent dans le sexisme — doublé du mépris de classe — du plus bas étage. Cette affaire aura au moins eu le mérite de révéler la boue qui leur sert de pensée.

Il n'est donc pas étonnant que le politiquement ait « échoué » à changer les mentalités : cela n’a jamais été l’objectif de cette révolution rhétorique

07 octobre, 2011

11 Septembre 2001

Bon, tout le monde y va de son billet, où il ou elle était le 11 Septembre 2001, ce qu'il ou elle faisait, ce qu'il ou elle a pensé, ressenti… Alors, moi, j'étais au boulot, encore en France et j'ai d'abord cru à un canular, puis à un accident, puis, quand le second avion a percuté la tour Sud, là je me suis dit que c'était un attentat. Mais, au contraire de Gascogne, jamais je ne me suis « sentit américain ». Après un moment de stupéfaction devant l'ampleur de l'attaque, j'ai vite repris les réflexes que j'avais à l'époque et je ne me suis jamais laissé aller à aucune émotion décervelée. Je me suis très vite dit que c'était le début d'un nouveau chantage émotionnel dans les démocraties occidentales. Ça n'a pas raté :  dès le lendemain, les éditocrates en poste à l'époque — essentiellement les mêmes qu'aujourd'hui — ont sommé les altermondialistes, dont je faisais et fait toujours partie, de se taire, d'accepter le monde tel qu'il était, sous peine d'être accusés de complicité avec les terroristes. D'aucuns disaient même, en usant d'une pirouette rhétorique que n'aurait pas renié un procureur stalinien, que les altermondialistes étaient les alliés objectifs des terroristes.
J'ai vu aussi assez vite les conséquences de cette attaque : l'érosion des droits tant aux États-Unis qu'en Europe, l'attaque sur l'Afghanistan, un mois après l'attaque sur les tours, alors que les talibans de l'époque réclamaient des preuves de l'implication de Ben Laden avant de le livrer — preuves que les États-Unis ont refusé de fournir —, et la montée en puissance de la propagande en faveur d'une attaque de l'Irak. Cette propagande est importante : à mon sens, c'est elle qui fonde toutes les théories du complot relatives au 11 Septembre 2001, mais je reviendrais sur ces théories plus tard. L'Irak était d'abord présenté comme un havre pour Al-qaïda, alors que, pays laïque en terre musulmane, il constituait une aberration au yeux de cette organisation. Ensuite, on a eu droit aux mensonges concernant les armes de destruction massive, mensonges dénoncés dès le début par les inspecteurs de l'ONU et puis, quand ce prétexte s'est lamentablement effondré, Blair et Bush ont inventé la démocratisation de l'Irak ; alors que, durant l'occupation de leurs troupes, ils ont tout fait pour éviter la tenue d'élections (ils ont dû céder sous la pression), que la répression syndicale exercée par les puissances occupantes (avec meurtre de syndicalistes) doit faire partie des rêves humides de Laurence Parisot et qu'ils voulaient renverser un dictateur sanguinaire qu'ils avaient contribué à fabriquer. C'est d'ailleurs tout le sens du procès de Saddam Hussein : il était jugé pour des crimes étalés sur une période de temps relativement restreinte, s'il en eût été autrement, l'implication de l'Occident dans les crimes qu'il a commis serait apparue au grand jour. Et quand je parle d'Occident, je parle bien sûr des États-Unis et de la Grande-Bretagne mais j'y inclue aussi la France et l'Allemagne.

Ces différents mensonges, alliés à l'érosion de la démocratie en Occident, et plus particulièrement aux États-Unis où le « Patriot Act » autorise la surveillance des lectures de la population, à conduit au développement des théories du complot qui toutes sous-entendent que cet acte terroriste était le fait d'une agence du gouvernement américain. Ces théories de la conspiration sont bien pratiques, parce que pendant que l'on s'empaille là-dessus, on ne parle pas de choses plus importantes, comme les conséquences qu'ont eu ces attaques sur les libertés dans les pays de l'Ouest ou les conséquences, beaucoup plus dramatiques celles-là, pour les habitants du Moyen-Orient.
En outre, après avoir lu la prose des tenants des théories de la conspiration, j'en suis venu à une conclusion pas très sympa pour ces derniers : ils reprochent souvent à leurs critiques d'accepter sans réserves ce qu'ils appellent la « thèse officielle » alors qu'eux-mêmes ne valent pas beaucoup mieux lorsqu'ils sont confrontés aux incohérences de leurs thèses. C'est pire que cela : ils prennent pour un journal scientifique un truc qui ne vaut pas mieux que «Answer in Genesis », et ils considèrent comme un papier fondamental, et « prouvant » qu'il y a eu des explosifs dans les tours, un papier qui a entraîné la démission d'au moins deux éditeurs — les éditeurs d'un journal ne démissionnent pas pour rien : c'est une position prestigieuse — dans une revue publiée par une maison d'édition qui publierait n'importe quoi, juste pour faire du fric. On a beau mettre le nez des complotistes sur ces faits, qui disqualifieraient n'importe quel papier, ils prétendent que cet article n'a jamais été réfuté. Et il est clair que l'on ne trouve pas de réfutation dans les journaux à comité de lecture. Mais c'est peut-être que les chercheurs sérieux ont autre chose à foutre qu'à investir du temps et de l'énergie dans quelque chose qui, de toute façon, ne servira à rien : les complotistes ont déjà décidé de ce qui était vrai ou pas. Tout ce qu'une telle entreprise pourrait rapporter au chimiste qui se lancerait dans pareille entreprise, c'est l'accusation d'être partie intégrante du complot. Au reste, dans des forums ou des blogs, cet article a déjà été réfuté. D'ailleurs, l'auteur principal du papier, Niels Harrit, ne semble pas vouloir discuter de ses résultats avec d'autres scientifiques. Je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi. Peut-être parce que le monsieur est un tantinet mégalo ?

Une autre caractéristique intéressante de ces types, c'est leur arrogance, inversement proportionnelle à leurs connaissances. Ainsi, j'ai quand même vu un type clâmer que le calcul des forces impliquées dans la chute des tours du World Trade Center était du niveau du secondaire, avec un physicien qui en plus, le corrige sur ce calcul facile. Cela ne l'a pas fait changer d'avis. De même, le célèbre — et infame — papier de Harrit et al comprend des techniques que l'on ne voit pas au secondaire, et l'on ne peut évaluer les conclusions de ce papier sans connaître ces techniques, ne serait-ce que pour voir si les conclusions tirées sont en accord avec ce que ces techniques permettent de déduire. Et sans cette compétence, on ne peut évaluer la qualité d'un papier et donc décider si ce qu'il raconte fait sens ou non.

Dans ce dernier cas, on est obligé de se reposer sur des « savants », des types qui ont étudié les techniques impliquées et ont les outils pour en déduire quoique que ce soit. C'est une démarche sensée si l'on n'est pas prêt à faire un mastère en chimie ou en construction civile. Pas pour les complotistes : une telle démarche repose sur la confiance (comme si leur acceptation de ce qui est dit par ailleurs ne relevait pas d'une confiance — aveugle, pour le coup), et l'on ne peut pas faire confiance, on va donc utiliser son bagage (le plus souvent du secondaire) pour avoir une opinion sur des faits qu'un bagage du secondaire ne peut expliquer. L'autre démarche, c'est de dire que « la science ne peut pas tout expliquer » ; alors, le doute est permis. Certes, d'ailleurs, à ce que j'ai compris, la FEMA ou le NIST ne prétendaient pas tout expliquer dans leurs rapports. Mais ce doute doit être basé sur un raisonnement un peu plus solide que celui qui consiste à dire que « la FEMA et le NIST ne peuvent pas tout expliquer, donc il y a eu complot ». En fait, c'est une contradiction chez eux : d'une part ils disent que la science ne peut pas tout expliquer (ce qui est vrai), et d'autres part, parce que les organismes chargés d'étudier la chute des tours du WTC ne peuvent pas tout expliquer, il y a eu complot ; impliquant donc que la science peut tout expliquer et que ne pas le faire signe le fait qu'il y a eu un complot. C'est un superbe exemple de rhétorique. Elle ne trompe que les bénêts, mais bon…

Il faut toujours se méfier des types qui vont avancer avec une telle rhétorique : il y a de grandes chances pour qu'il y ait embrouille.

12 septembre, 2011

Claude Guéant est raciste

Cette fois, c'est clair, comme le démontre sans ambiguïté cet article de Libération. Après cela, il pourra dire ce qu'il veut, mais quand on passe son temps à acoller les deux termes, dont l'un est « délinquant » et l'autre désigne une nationalité ou une communauté, on fait preuve de racisme à l'encontre de cette nationalité ou de cette communauté. Et les commerçants qui lui servent la soupe, en « dignes » héritiers de Poujade, ne valent pas mieux. Mais ces derniers ont tout-à-fait le droit de laisser s'exprimer la matière fécale qui leur sert de cervelle. Pour Guéant, c'est un tout autre problème : ce type représente l'État français ; en l'absence de désaveu de ses propos par soit le premier ministre, soit le président, la stigmatisation des roumains qui seraient selon Guéant tous délinquants est donc la position du gouvernement français. Donc, le gouvernement français est raciste, et comme ses membres sont solidairements responsables, ils le sont aussi. Fillon est raciste, Juppé est raciste, Sarkozy est raciste. La France, comme entité politique, est malheureusement raciste. Et, d'après Rue 89, dans son obsession à limiter le droit d'asile, homophobe, aussi.

31 août, 2011

William Hague dévoile les vraies raisons de l'intervention de l'OTAN

Hier en regardant une interview de William Hague (le ministre des affaires étrangères britannique), ce dernier mentionnait que le CNT devait coopérer avec l'OTAN. On a donc là un mouvement qui s'est libéré d'un dictateur sommé, au nom de « l'aide » apportée par l'OTAN, d'accepter le diktat de cette dernière organisation. On voit bien que la conception occidentale de la démocratie est très limitée : elle n'est acceptable que si cette démocratie ne va pas à l'encontre des intérêts occidentaux. C'est tellement passé dans les mœurs que les divers gouvernements ne s'en cachent même plus

 

La conclusion à tirer de cela est simple, en somme : l'OTAN est intervenu en Lybie pour contrôler la rébellion, pour ensuite avoir la légitimité pour pouvoir exercer un chantage sur les Lybiens.

Deux poids, deux mesures

Quand je militais à la Fédération Anarchiste, une notion communément développée était celle de « démocratie blindée ». Cette notion était intéressante en ce qu'elle posait que, dans les démocraties actuelles, ce qui était acceptable en termes de contestation était strictement borné : le capitalisme et ses fondements sont intouchables, par exemple. Tout comme la démocratie représentative telle qu'elle est pratiquée. Ce qui est intéressant, c'est que cette analyse est souvent confirmée en France, avec la mise en place d'outils de contrôle de la population dont l'objectif policier ne ce cache même plus. Bien sûr, tout cela est fait « pour produire de la sécurité », comme les LOPPSI 1 et 2 le disent. Les politiciens et les journalistes, tout au moins ceux qui ont intégré l'ordre bourgeois, n'aiment pas l'Internet : contrairement à la télévision, il n'est pas amnésique, on peut vérifier les dires des uns et des autres. On peut aussi diffuser des informations que certains aimeraient voir confinées dans certains cercles. Bien sûr, il y a beaucoup d'hurluberlus aussi. Mais la presse écrite d'Europe comporte aussi des torchons, elle n'est déontologiquement parlant pas supérieure à l'Internet, et je ne parle pas de l'audiovisuel.

Alors que Kouchner cherchait à promouvoir une forme de protection de la liberté d'expression sur Internet, Sarkozy a tout fait pour éviter que les conférences voulues par son ministre des affaires étrangères d'alors aient une quelconque substance. Inutile de mentionner que depuis que ce dernier a quitté le gouvernement, la protection de la liberté d'expression — déjà pas trop en cour à droite et sûrement pas chez Sarkozy — n'est même plus mentionnée. Ou lorsqu'elle l'est, c'est comme quelque chose qu'il faudrait limiter, et non promouvoir et protéger.

Les récentes émeutes de Londres ont relancé ce débat, avec, une fois n'est pas coutume, des anciens policiers portant la voix de la raison. Ainsi, alors que les médias et les politiciens eurent tôt fait de blâmer « Blackberry Messenger » ou Twitter, certains de ces policiers disaient que d'une part cela posait des problèmes au niveau légal et que les pillards (de leurs points de vue) vivent avec leur temps, et qu'en conséquence, tous ces phantasmes sur la censure de Twitter ou de BBM durant des évènements tels que celui-ci était non seulement spécieuse, mais aussi dangereuse : c'est ouvrir une boîte de pandore, et qui dit qu'il n'y aura pas ensuite de censure de ces réseaux, sous le prétexte fallacieux d'assurer la sécurité, lors des manifestations ?

 

Ce que j'ai aussi constaté, et je trouve que c'est assez frappant, c'est l'amnésie de la journaille qui, lors du Printemps Arabe, célébrait les réseaux sociaux comme facteur important de ce mouvement. Mais si cela ce passe chez nous, alors cela devient dangereux. Je me rappelle clairement l'embarras d'un journaliste de la BBC qui, alors qu'il pressait un représentant de RIM (la firme canadienne qui fabrique le Blackberry) de questions sur le supposé danger du cryptage pour la société, c'est donné beaucoup de mal pour ne pas mentionner la Tunisie et l'Égypte, pays qui lors du Printemps Arabe ont effectivement coupé Internet pour tenter de limiter le mouvement, avec le succès que l'on sait. Tout, comme, d'ailleurs, il s'est donné beaucoup de mal pour éluder les tentatives de l'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis pour optenir les clefs du chiffre utilisé par RIM comme une nécessité dans la lutte contre le terrorisme, sans mentionner d'une part le rôle de l'Arabie Saoudite dans la répression au Bahreïn et d'autre part le fait que ces pays se soucient probablement plus de l'avènement d'un mouvement démocratique que de terrorisme (encore que pour les gouvernements de ces pays, tout comme pour les gouvernements occidentaux, c'est probablement la même chose).

 

Encore une fois, deux poids, deux mesures

18 juillet, 2011

Le vrai visage des droitards

En exprimant, le 14 Juillet dernier, ce qu'elle pensait du défilé militaire, Éva Joly s'attendait sûrement à ce que la droite, dans son ensemble, devienne hystérique. Elle ne fut pas déçue. À cette occasion, tout ce que la France compte de droite « républicaine » a montré son vrai visage : celui d'une vieille peau aigrie à la cervelle confite dans des traditions surannées. Celui d'une classe sociale soucieuse de défendre son outil de domination, en le faisant passer pour un instrument de protection de la population. Tout le monde sait que les intérêts défendus par l'armée française en Afghanistan ou au-dessus de la Lybie ne s'identifient pas nécessairement avec ceux de la population française, et tout le monde sait — surtout les polynésiens et les kanaks —, que l'armée française, comme toute les armées du monde, est très forte pour tirer sur les populations civiles. Y compris si ces populations sont françaises, comme les grêves de Fourmies ou la Commune de Paris l'ont montré.

Mais ce débat n'est pas très intéressant en soi : l'Histoire a déjà tranché. Et ceux qui voudraient voir, ou nous faire croire, que l'armée est une force qui protège la population française n'en peuvent mais. Ce qui est intéressant, en revanche ce sont les réactions des politiciens et des journalistes, des réactions souvent enflammées à des propos tenus sur un sujet somme toute très secondaire : ce n'est pas quand elle défile sur les Champs Élysées que l'armée est la plus dangereuse pour les libertés publiques.

Ce qui est réellement intéressant, donc, ce sont les réactions des politiciens. Comme à l'accoutumé, le PS joue les « ventres mous » de la politique en France, en considérant d'une part le changement de nature du défilé comme « inacceptable » (dixit Martine Aubry) tout en critiquant les réactions de la droite. On ne saurait blâmer le PS sur ce dernier point, cependant : les réactions de la droite « républicaine » des années 2010 ont plutôt évoqué les cagoulards des années 1930. En fait, ces réactions, comme je l'ai écrit plus haut, ont tout simplement été hystériques. Et celle-ci était telle que même Fillon, soit-disant plutôt modéré (encore que, quand on voit la politique qu'il accepte de mener), s'est laissé aller à puiser dans l'égoût qui sert de référence historique à la droite en France. Que n'a-t-on entendu de remarques sur la « binationalité » de Joly (une notion qui d'ailleurs n'existe pas au sens juridique) qui l'empêcherait de saisir complètement la culture et l' « âme » — comme si une zone géographique pouvait avoir, ou confèrer, une âme — de la France. D'autres éructaient que Joly devait « retourner en Norvège », qu'elle était un agent de l' « anti-France » ou bien une « soixante-huitarde attardée ». Un vocabulaire daté, au mieux, des années soixante-dix, au pire des années trente, à l'époque où la droite préférait Hitler au Front Populaire.

Mais que le PS soit un parti ventre-mou quand il s'agit des valeurs de gauche, ou que la droite soit une collection de vieilles ganaches, on le savait déjà. En revanche, que les éditorialistes et autres plumitifs se mettent au garde-à-vous à la moindre vision d'un type en kaki, voilà qui a de quoi être surprenant. Acrimed a un papier là-dessus. Ces « nouveaux chiens de garde », comme les appelle Serge Halimi, n'ont rien trouvé de mieux à se mettre sous la dent que la provocation d'Éva Joly (je ne crois pas un instant qu'elle ne savait pas ce qu'elle faisait) en dit long sur les sujets que nos éditoriaux daignent traiter, ou sur ceux qu'ils se refusent à traiter. On ne peut que constater qu'ils ont sauté sur cette remarque comme les paras sur Ðien Bien Phu : sans trop réfléchir. La courte recension d'Acrimed, où trois éditos — mais quels éditos, et quels auteurs — sont passés en revue. Ils ont tous une chose en commun : ils commencent, grands princes, par reconnaître le droit à Éva Joly d'exprimer son opinion sur le sujet… Pour le lui retirer aussitôt, au prétexte qu'elle serait un personnage public. Une candidate à l'élection présidentielle, qui plus est ! J'aimerais que ces éditocrates nous disent — honnêtement — en quoi cela est-il intéressant. Et qui sont-ils, d'ailleurs, pour décider de ce qui peut être dit, écrit, etc… ? Les trois éditocrates cités par Acrimed prétendent que ce qu'a dit Joly, mets la démocratie française — ou le peu qu'il en reste — en danger. Mais pourquoi ? Et comment ? Aucun argument ne vient étayer cette affirmation. Rien. On a beau relire ces éditos, le seul argument mentionné est celui du « lien armée-nation ». Un lien dont on aimerait avoir une façon de mesurer s'il existe réellement ou s'il est un dispositif de propagande pour faire passer un instrument de répression en instrument de protection des citoyens. Les poilus, ceux qui se sont mutinés, ceux qui ont écrit la « Chanson de Craonne » savait pour quels intérêts ils mourraient, et ils savaient que ce la « Nation » n'était pas le peuple français mais plutôt une infime partie des français. Et puis, la bataille de Valmy, c'était il y a longtemps…

 

Et pendant que les éditocrates déblattèrent sur cet épiphénomène, où sont les enquêtes de journalistes sur l'impact du régime sarkozyste sur la vie de ceux qui habitent en France. Où sont les reportages sur les traitements inhumains et dégradants infligés par la police française aux Sans-papiers ? On voit peu les actions et les rapports des No Border dans l'Express, le nouvel Obs ou au Figaro.

29 juin, 2011

Le bal des faux-culs

D’après Rue89, les lycées privés d'Île de France refusent de distribuer le « pass » contraception, au prétexte que les ados devraient discuter de sexualité avec leurs parents. Si le monde était idéal, nul doute que cela serait un bon conseil, mais, je ne sais pas pourquoi, je suppute que parmi les parents qui envoient leurs enfants dans ce type de lycée, il doit y en avoir une proportion non négligeable qui répondraient aux questions qui se posent les ados à cet âge en les envoyant qui au séminaire, qui au couvent. La pire réponse qui soit. On sait très bien que l'abstinence, que ce soit en tant que moyen de lutte contre les grossesses adolescentes ou de lutte contre l'épidémie de SIDA, est inefficace seule, partout où elle a été essayée. A contrario, le pass contraception à contribué à réduire les avortements demandés par les adolescentes… Mais l'église catholique, fascinée qu'elle est par la souffrance de l'humanité en général, considère le traumatisme d'une grossesse non désirée comme une leçon de vie. Et, comme d'habitude, loin de prendre leurs responsabilités, les cathos se défaussent. Et ce n'est pas la moindre des ironies de constater que cette fois-ci, ils se défaussent sur l'une des associations qu'ils détestent le plus : le planning familial. C'est en tout cas ce qui ressort des dires de l'infirmière du lycée Notre Dame de Sion. D'un côté, elle déclare, d'après Rue89 :

 

On m'a demandé le pass deux fois. Je n'ai pas le droit de le distribuer, nous estimons à Notre-Dame de Sion que les élèves doivent discuter de ces questions-là avec leurs parents.

Pour les mêmes raisons, nous refusons de donner la pilule du lendemain

 

 

Mais, si l'une des lycéennes se retrouve enceinte, alors là, la même dit  qu'elle « les envoit au planning familial ». Faire plus gonflé, c'est dur, je trouve.

 

 

 

 

 

24 juin, 2011

Les mesures d'austérité ? Une guerre contre les pauvres !

Partout en Europe, et pas seulement en Grêce, au Portugal ou en Irlande, les différents gouvernements décident de mesures d'austérité au prétexte, comme nous le disent les éditocrates britanniques, que l'on ne peut « moralement pas laisser la dette aux générations suivantes ». Au-delà de la réappropriation intéressante d'un thème écolo qui a au moins le mérite de se défendre ; les mesures prises montrent bien le foutage de gueule de haut niveau que les politiciens et leurs plumitifs nous vendent. Parce que pendant que l'on limite les allocations familiales en Angleterre aux ménages qui gagneraient moins de £26.000 par an (rien du tout quand on vit à Londres), on fait des cadeaux aux riches ou aux compagnies, comme l'accès à la concurrence du NHS, le service de santé anglais.

Mais si l'on veut protester trop haut, les mêmes qui annoncent des licenciements en masse, les mêmes qui vont jeter des familles entières dans la misère, les mêmes qui, en Angleterre vont priver une grande partie des nouveaux bacheliers d'un accès à l'Université, les mêmes qui se rendent coupables de crimes sociaux se mettent à pousser des cris d'orfraies pour quelques vitres brisées…