29 juin, 2011

Le bal des faux-culs

D’après Rue89, les lycées privés d'Île de France refusent de distribuer le « pass » contraception, au prétexte que les ados devraient discuter de sexualité avec leurs parents. Si le monde était idéal, nul doute que cela serait un bon conseil, mais, je ne sais pas pourquoi, je suppute que parmi les parents qui envoient leurs enfants dans ce type de lycée, il doit y en avoir une proportion non négligeable qui répondraient aux questions qui se posent les ados à cet âge en les envoyant qui au séminaire, qui au couvent. La pire réponse qui soit. On sait très bien que l'abstinence, que ce soit en tant que moyen de lutte contre les grossesses adolescentes ou de lutte contre l'épidémie de SIDA, est inefficace seule, partout où elle a été essayée. A contrario, le pass contraception à contribué à réduire les avortements demandés par les adolescentes… Mais l'église catholique, fascinée qu'elle est par la souffrance de l'humanité en général, considère le traumatisme d'une grossesse non désirée comme une leçon de vie. Et, comme d'habitude, loin de prendre leurs responsabilités, les cathos se défaussent. Et ce n'est pas la moindre des ironies de constater que cette fois-ci, ils se défaussent sur l'une des associations qu'ils détestent le plus : le planning familial. C'est en tout cas ce qui ressort des dires de l'infirmière du lycée Notre Dame de Sion. D'un côté, elle déclare, d'après Rue89 :

 

On m'a demandé le pass deux fois. Je n'ai pas le droit de le distribuer, nous estimons à Notre-Dame de Sion que les élèves doivent discuter de ces questions-là avec leurs parents.

Pour les mêmes raisons, nous refusons de donner la pilule du lendemain

 

 

Mais, si l'une des lycéennes se retrouve enceinte, alors là, la même dit  qu'elle « les envoit au planning familial ». Faire plus gonflé, c'est dur, je trouve.

 

 

 

 

 

24 juin, 2011

Les mesures d'austérité ? Une guerre contre les pauvres !

Partout en Europe, et pas seulement en Grêce, au Portugal ou en Irlande, les différents gouvernements décident de mesures d'austérité au prétexte, comme nous le disent les éditocrates britanniques, que l'on ne peut « moralement pas laisser la dette aux générations suivantes ». Au-delà de la réappropriation intéressante d'un thème écolo qui a au moins le mérite de se défendre ; les mesures prises montrent bien le foutage de gueule de haut niveau que les politiciens et leurs plumitifs nous vendent. Parce que pendant que l'on limite les allocations familiales en Angleterre aux ménages qui gagneraient moins de £26.000 par an (rien du tout quand on vit à Londres), on fait des cadeaux aux riches ou aux compagnies, comme l'accès à la concurrence du NHS, le service de santé anglais.

Mais si l'on veut protester trop haut, les mêmes qui annoncent des licenciements en masse, les mêmes qui vont jeter des familles entières dans la misère, les mêmes qui, en Angleterre vont priver une grande partie des nouveaux bacheliers d'un accès à l'Université, les mêmes qui se rendent coupables de crimes sociaux se mettent à pousser des cris d'orfraies pour quelques vitres brisées…

23 juin, 2011

Le dilemme des défenseurs des droits des animaux

Le 21 juin 2011, le journal britannique « i » publie en première page un article sur les « fondations en guerre » (Charities at war). Il ne s'agit pas, comme son nom pourrait l'indiquer, d'un article sur les organisations humanitaires et la guerre. Mais il s'agit bien d'une guerre, une bataille pour l'opinion qui se joue en Angleterre. Qu'en est-il exactement ?

Une fondation d'aide aux animaux, « animal aid » a lancé un appel à ne pas faire de donations à d'autres fondations impliquées dans le financement de la recherche médicale, au prétexte que ces dernières financent des recherches sur des animaux de laboratoire. Étant donné l'importance de ces fondations (Cancer Research UK est par exemple le plus gros financeur de recherches sur le cancer d'europe, et, contrairement à l'ARC et à la ligue contre le cancer, cette organisation dispose de ses propres laboratoires) pour la recherche au Royaume-Uni, on peut comprendre que cela arrive en première page d'un quotidien.

 

Au-delà de l'apparente « moralité » de cet appel, qu'en est-il réellement ? Peut-on, aujourd'hui, se passer de modèles animaux, que ce soit pour la découverte de nouveaux processus ou la compréhension de ces processus. Peut-on éviter de tester certains médicaments dans des essais précliniques, sur des animaux, avant de faire des essais sur l'homme ? La réponse, claire et sans ambiguïté est : non. Connaître le mécanisme d'action d'un médicament au niveau moléculaire, ou dans des cellules cultivées n'équivaut pas à comprendre son comportement une fois cette molécule injectée dans un organisme. Le métabolisme de cette organisme, et donc sa capacité à modifier la molécule injectée doit être prise en compte : si le « médicament » est modifié, cette modification peut être délétère pour l'organisme (auquel cas le médicament devient un poison) ou pour l'activité de cette molécule (auquel cas son intérêt thérapeutique est nul). Bien évidemment, l'un n'empêche pas l'autre : une molécule peut être toxique et avoir un intérêt thérapeutique nul. On m'objectera que le métabolisme de l'être humain n'est pas forcément exactement le même que celui d'une souris, ce qui est vrai, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, une fois qu'une molécule développée est validée sur un modèle animal, elle entre dans différentes phases d'essais cliniques qui visent à évaluer la toxicité de cette molécule pour l'homme, son effet primaires et ses effets secondaires. Il y a aussi une phase de veille sanitaire une fois que la molécule est commercialisée, pour s'assurer que des effets délétères éventuels, indétectables lors des phases précédentes du fait des tailles limitées des échantillons, n'apparaissent pas. C'est une telle veille qui a détecté la nocivité du Mediator et fait qu'il aurait dû être interdit beaucoup plus tôt qu'il ne l'a été.

La recherche sur les animaux est donc inévitable, j'ai ici pris l'exemple du développement d'un médicament, mais c'est aussi vrai pour la recherche fondamentale, si on s'intéresse à ce qui se passe au niveau du système nerveux, ou au métabolisme du glucose dans un organisme pluricellulaire, par exemple, il est impossible de travailler avec des cultures de cellules. On doit utiliser des modèles animaux pour avoir une chance de comprendre ces phénomènes.

 

J'en viens maintenant au dilemme, je le dis tout net, le ton va un peu changer. J'estime que des gens qui veulent, dans les faits, bloquer la recherche au nom d'un bien être animal défendu — avec raison — par des règles éthiques draconiennes soit s'intéresse très peu aux vies humaines que la médecine moderne sauve, soit ne connaissent absolument rien du développement d'un médicament ou de l'état de la recherche et de la complexité des systèmes biologiques. Dans la première hypothèse, ce sont tout simplement des salauds, des adeptes de l'utilitarisme le plus étroit pour lesquels la vie d'un animal en bonne santé vaut plus que celle d'un membre de leur famille affecté par une maladie que la recherche sur les animaux peut aider, sinon à guérir, du moins à « gérer ». Pour les individus qui entrent dans la seconde catégorie, je ne saurais que trop suggérer de ne pas écouter les gourous de la première. Au lieu de cela, ils feraient bien de se renseigner, ne serait-ce que pour se faire une opinion un peu plus informée. Si ils considèrent que, tout de même, c'est pas bien de faire de la recherche sur les animaux, ils leur faut donc être cohérent et arrêter de recourrir à la médecine moderne en cas de maladie. Mais même dans ce cas, il reste un problème : qu'ils prennent ce type de décision pour eux-mêmes, soit. Mais qu'ils essayent d'empêcher une recherche qui pourrait sauver des gens qui ne partagent pas leurs délires, cela me pose un gros problème…