GFP, merci de ce commentaire, le premier sur ce blog par ailleurs confidentiel. Qui plus est sur un billet posté hier, par quelqu'un qui s'est inscrit sur blogger en juillet 2010. Que de nouveautés en une journée. Enfin, je fait un billet normal car ma réponse fait plus de 4096 caractères : elle ne tient pas dans la section commentaires.
Pour répondre aux remarques qui sont faites, certes, un promoteur donné va gouverner l'expression du transgène. Toutefois, le promoteur et les facteurs de transcriptions qui lui sont associés ne sont pas les seuls déterminants de cette expression. En laboratoire, il peut arriver qu'un transgène ne s'exprime alors que tout l'appareillage nécessaire à son expression est présent : la structure de la chromatine peut jouer un rôle, et donc l'endroit où le transgène est inséré dans le chromosome, par exemple. Au niveau d'une toxicité éventuelle du transgène pour la plante, je voulais effectivement parler de "fitness cost", ce qui revient, si l'on se place, comme je le faisais, dans l'hypothèse d'une dissémination de la plante transgénique dans l'environnement à une toxicité : la plante en question ne pourra être compétitive par rapport aux variants sauvages que si la pression de sélection est présente. Ce qui, encore une fois dans l'hypothèse où cette plante est disséminée limitera le risque d'envahissement que certains craignent.
Concernant l'accumulation de substances "plus ou moins" toxiques, il était bien entendu que cela dépend des substances utilisées. Le problème se pose au cas par cas, donc, et non en général. Mais il impose que les OGM mis sur le marché, et surtout les produits qui vont avec, dans le cas d'une résistance à un herbicide soient testés pour leur impact sur l'alimentation et la santé humaine et animale. Concernant le glyphosate, il semblerait que le produit ne soit pas aussi inoffensif que vous le laissez entendre. D'ailleurs, cela me fait penser que les anti-OGMs ont aussi raison de pointer le risque d'abus dans le cas plantes résistantes à certains herbicides : on pourrait avoir tendance à augmenter les doses de ces herbicides pour s'assurer que seule la plante d'intérêt pousse. Un comportement qui, comme dans le cas de l'utilisation massive d'engrais, pourrait avoir des effets délétères sur l'environnement. Effectivement, les "alternatives" ne sont pas forcément réjouissantes non plus. Ce qui d'ailleurs pointe la difficulté du problème.
La brevetabilité, enfin. Il est bien entendu qu'il n'est même pas nécessaire d'insérer un transgène pour breveter une espèce donnée. Les paysans des pays du tiers-monde ont d'ailleurs pu l'apprendre à leurs dépends. Que les paysans soient obligés de racheter les semences tous les ans n'est pas une surprise : si ce n'était pas le cas, il n'y aurait pas de semenciers. Mais, personnellement, je ne vois pas cela d'un bon oeil. La brevetabilité du vivant, transgénique ou pas, n'est pas souhaitable : elle freine la recherche (c'est le cas du brevet sur BRCA1 détenu par Millenium Pharmaceuticals aux États-Unis, brevet qui est actuellement contesté par des médecins et des associations de malades du fait des surcouts qu'il engendre pour un diagnostic ou pour la recherche) et elle prive l'humanité de quelque chose qui devrait faire partie du bien commun.
Enfin, je suis d'accord : une opposition "aux OGMs" en général n'a pas de sens. Les différents transgènes doivent être traités au cas par cas, mais, selon moi, des procédures doivent être mises en place pour que le risque éventuel soit ramené dans des proportions raisonnables.
Concernant le dernier paragraphe, le choix d'une culture, et d'une façon de cultiver dépasse le simple choix économique : il y a un facteur environnemental à prendre en compte. Toutefois, loin des imprécations des uns et des autres, une politique raisonnée, basée sur les données scientifiques disponibles devrait être possible, à mon avis. Bien entendu, cela suppose d'une part un abandon d'une posture millénariste qui prédit l'apocalypse à la moindre avancée scientifique, et d'autre part cela suppose aussi l'abandon de la communication (au sens de propagande) qui voudrait nous faire croire que les OGMs sont la panacée. Pour les semenciers, certainement, mais comme je n'ai pas d'actions, ni chez Novartis, ni chez BASF, ni chez Monsanto et encore moins chez Limagrain ou Merystem therapeutics, on me pardennera de ne pas trouver cette perspective intéressante.
Cependant, je dirais que, au final, si 78 % de la population refuse de consommer des OGMs, ce choix n'a pas à lui être imposé. Même si ce refus est basé sur de mauvaises raisons. Je détesterais l'abandon de l'étiquetage, comme aux États-Unis, par exemple. Personnellement, consommer de la lécithine issue de soja transgénique ne me gène pas, mais j'estime que c'est un droit du consommateur que d'être informé sur ce qu'il achète. Et de pouvoir exercer un choix en connaissance de cause.