02 octobre, 2009

Pour une science indépendante, partout dans le monde.

La semaine dernière, j'ai raté mon bus pour rentrer du taf' (je sais, c'est une information inintéressante en soi mais elle me sert à introduire ce qui suit, alors un peu de patience), donc en attendant le suivant, vu que j'avais fini mes manips, je prend un science magazine et je feuillette les pages News. Et là, je tombe sur un entrefilet surprenant : un chercheur vénézuélien a été mis à la retraite d'office parce qu'il ne serait pas venu plusieurs jours de suite à son bureau. Bon, outre que généralement les scientifiques ne pointent pas (et pour cause : si ils le faisaient, quoiqu'en dise Sarkozy, les heures supplémentaires à payer grèveraient sérieusement les budgets des instituts de recherche), on peut s'interroger sur les raisons données par le directeur de l'institut de recherche en question. En gros, il ne serait pas venu à son travail, ses performances en tant que scientifique sont sujettes à caution. Sauf que, d'après Science, ce chercheur a une liste de publication tout à fait honorable. Mais voilà, ce même directeur de l'institut affirme que la bibliométrie classique est caduque car issue d'une entreprise (Thomson scientific) et qu'il convient de vérifier si les recherches faites par ce prof mis à la retraire d'office, donc, ont un quelconque intérêt pour le Vénézuéla. Bon.

Que la bibliométrie soit aux mains d'une entreprise (qui d'ailleurs vend ses classements) est certes un problème, dont certains chercheurs s'occupent par ailleurs. Ceci dit, cela ne saurait servir de masque à cet autre fait : Chavez a recruté (c'est le terme) un... ancien lieutenant pour serrer la vis aux chercheurs, naturellement tous petits bourgeois et donc suspects de collusion avec la droite réactionnaire vénézuélienne. Nul doute qu'il y ait des chercheurs vénézuéliens qui ont des sympathies pour cette droite, et alors ? Ces derniers ont le droit de penser ce qu'ils veulent de Chavez, ou le Vénézuéla n'est plus une démocratie ?
On voit bien ici que ce qui dérange les pouvoirs, qu'ils soient vénézuéliens, français, américains (surtout sous Bush) : c'est l'indépendance des chercheurs, qui non seulement n'accordent que peu de crédit (et avec raison) aux discours politiques, habitués qu'ils sont à juger sur des faits, mais aussi n'hésitent pas à contredire leurs gouvernements respectifs quand ceux-ci mentent effrontemment. Comment interprèter le fait que l'administration Bush ait muselé des climatologues américains qui contredisaient ses affirmations concernant le réchauffement climatique ? Ou les mesures prises en France qui vont aboutir à la destruction des sciences humaines, non rentables, mais qui ont aussi un peu trop tendance à confronter les discours politiciens aux réalités sociales (bien sûr, un sociologue aux ordres est toujours précieux, c'est pour cela que la filière ne disparaîtra jamais complètement) ?

Le savoir est un pouvoir. Il n'est donc pas étonnant qu'un gouvernement autoritaire, d'où qu'il vienne, cherche à le contrôler.


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