07 février, 2010

De l'Europe

J'ai quitté la France en Octobre 2002, soit il y a un peu plus de sept ans maintenant. Quand j'y retourne, je vais uniquement voir ma famille. Fini les escapades à Lyon et à Clermont-Ferrand où j'ai fait mes études. Les amis français que je retrouve sont des amis d'enfance. Je n'ai quasiment plus de connaissances ni à Lyon, ni à Clermont-Ferrand. Pourquoi je parle de ça ? Ce n'est pas un accès de nostalgie (encore que...). C'est simplement que je fais le constat que je me sens d'abord européen. Bien sûr, certains aspects de la France me manquent, mais d'autres non. Par exemple, et même si je ne me fais aucune illusion sur leur rôle dans la société, les policiers britanniques ont tendance à être, en général plus polis que leurs homologues français. Ils ont tendance à moins tabasser, aussi. Il faut dire qu'ici, si ils ont le malheur d'essayer, ils ont vraiment des embrouilles, pas comme en France où les syndicats de poulets se sont fait une spécialité de défendre l'indéfendable et où le pouvoir politique n'a d'autre désir que de salir la mémoire des victimes de bavures policières. Enfin, c'est un aspect de la France qui ne me manque pas, quoi.

Donc étant "expatrié" depuis pas mal de temps, j'en suis venu à repenser ma position sur l'Europe. Soyons clairs : l'Union Européenne, telle qu'elle se construit aujourd'hui n'est pas nécessairement ma tasse de thé. Je préférerais de loin une Europe sociale, à celle que la commission européenne et partant le conseil des ministres européens sont en train de construire. Je préférerais une Europe construite par et pour les citoyens européens. Une Europe dont le moteur ne serait pas uniquement l'intégration économique mais bien l'unification derrière des valeurs communes, à charge aux différents peuples européens de définir ce qu'ils entendent par ces valeurs. Une europe fédérale, mais dans laquelle l'opinion et l'intérêt des citoyens sont réellement prise en compte.

Or, on ne peut constater que ce n'est pas le cas : certaines lois qui avaient pour but de protéger les consommateurs européens ont été annulées par la commission européenne, ou cette commission a du moins essayé de les annuler, comme dans le cas de la libéralisation du commerce de médicament. D'autres vont introduire encore plus de confusion avec l'abandon du système métrique obligatoire sur les paquets de denrées[en], au nom du sacro-saint commerce avec les États-Unis, l'un des trois pays, avec le Libéria et la Malaysise qui n'ont pas adopté le système international (SI).

À mon humble avis, pour que cette opinion et cet intérêt soient réellement pris en compte, les structures décisionnelles européennes doivent être modifées. On voit déjà que celles des États membres n'ont de démocratiques que la façade quand, par exemple, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie (parmi d'autres) ont pris part à la guerre illégale contre l'Irak malgré les opinions publiques de ces pays, toutes quasi-unanimement opposées à cette guerre. Au niveau européen, c'est encore pire : jusqu'à très récemment, les députés européens, les seuls élus, étaient là pour la galerie. Seuls la commission et les différents conseils des ministres avaient un réel pouvoir (aucun commissaire européen n'est élu, et les ministres de certains pays, comme la France, ne le sont pas non plus). Or quelle est la légitimité de ces instances ? L'autre problème est le poids immodéré des lobbys, dont l'activité est considérée comme normale à Bruxelles et qui tend à devenir honorable en France, où une lobbyiste pour le contrôle du net s'est même vue décorée. Pour moi, seuls les organisations représentant des citoyens (ONG, syndicats...) devraient pouvoir faire du lobbying, et encore, de manière totalement transparente (ce qu'elles font en général : c'est dans leunr intérêt de faire connaître leurs positions aux citoyens), par contre les entreprises, les organisations patronales et les associations professionnelles, elles doivent être éliminées de ce processus. Leurs méthodes de lobbying ne sont absolument pas transparentes, s'apparentent souvent à de la corruption. Enfin, elles nient les intérêts des peuples au profits d'intérêts particuliers qui ont tout sauf pour objectif d'augmenter la démocratie.

Peut-être qu'il serait temps pour les citoyens européens de réfléchir à l'Europe qu'ils veulent, avant que l'on décide pour eux de la façon dont celle-ci sera faite.


Powered by ScribeFire.

Aucun commentaire: