02 mai, 2011

Ben Laden mort : Maintenant, il va falloir qu'ils trouvent autre chose.

Ben Laden a été tué. Bon. Et maintenant ? Quel sera le grand ennemi de nos dirigeants ? La Libye ? La Syrie ? L'Iran ? Ils vont en avoir besoin. En 2012, en France, mais surtout aux États-Unis, se profilent des élections présidentielles. Et il ne faudrait surtout pas que les électeurs se mettent à s'intéresser à ce qui les touchent vraiment : la santé, les retraites, l'emploi…

Et puis, cette nouvelle, apparemment si importante, ne semble « réjouir » que le monde occidental, à moins que, pour Libération, le monde se limite au monde occidental. Ce ne serait pas la première fois que des journaux feraient un tel raccourci. Qu'en est-il des autres parti de la planète ? Considère-t-on cette nouvelle de la même manière ailleurs ? Ou l'impérialisme de l'Occident est-il un plus gros problème ? On ne le saura pas en lisant la presse occidentale. Sur Al Jazeera, par exemple, on peut lire que :

« But for the Muslim world, bin Laden has already been made irrelevant by the Arab Spring that underlined the meaning of peoples power through peaceful means. »

Dont une traduction approximative donne :

« Mais pour le monde arabe, l'idéologie de Ben Laden n'est plus pertinente depuis que le Printemps Arabe a souligné la signification du pouvoir des people par des moyens pacifiques ».

Pour cet auteur, la mort de Ben Laden n'est que la fin d'un alibi. Il rappelle aussi que les premières victimes du terrorisme d'Al-Qaeda sont des arabes, et non des occidentaux.

 

En parlant de Printemps Arabe, on a beaucoup entendu la France sur la Libye, elle s'est illustrée par un lapsus révélateur lors de la révolution du Jasmin — Alliot-Marie proposant l'aide de la France pour mater la rébellion. Un lapsus qui en dit long sur ce que pensent les pays occidentaux de la démocratie : elle doit être sérieusement encadrée au niveau occidental (d'où la construction européenne en technocratie), prévenue, voire combattue dans les pays où les citoyens risquent de ne pas voter « comme il faut » (bande de Gaza, Vénézuela…). Là où les États occidentaux ont des intérêts, on préfère de loin qu'il n'y en pas de démocratie. Ainsi, les États du Golfe ont-ils, eux aussi, un Printemps Arabe, mais voilà, ceux qui protestent sont chiites. Et si il y a une chose que les Occidentaux ne veulent pas, ce sont des démocraties dans ces régions. Elles ont de bonnes chances d'être gouvernées par des chiites. Au final, l'Iran ne serait plus du tout isolé dans la région… Et les réserves de pétrole risquent d'être controlées par les pays où elles se trouvent. Inacceptable. Ni pour les États-Unis, ni pour leurs valais. En conséquence les mouvements sociaux sont bien rapportés (le moyen de faire autrement) mais on n'entend pas beaucoup la France ou le Royaume-Uni protester contre les condamnations à mort à Bahreïn ou l'arrestation d'un professeur de la Sorbonne à Abou-Dhabi.

Aucun commentaire: