27 avril, 2010

De la charité.

Il y a quelques temps, il m'est venu une réflexion sur la charité pendant que je faisait mes manips. J'entends souvent, ou j'ai souvent entendu certains refuser de donner de l'argent aux SDF, leur proposant au contraire de leur acheter un sandwich. Ils, ou elles, justifient cette attitude par le refus de favoriser un prétendu "alcoolisme" des SDF.

Mais de quel droit ?

Est-ce que le fait d'être SDF induirait automatiquement une irresponsabilité quelconque ? Irresponsabilité que je prends ici au sens juridique du terme : est-ce que le fait d'être SDF induirait une incapacité à prendre des décisions pour soi-même ? Bien sûr, un bon nombre de SDF le deviennent du fait d'une maladie mentale particulière. D'autres sont simplement victimes du système économique. Certains auraient même choisi de vivre ainsi. Si le premier  exemple jette une lumière crue sur la façon dont nos sociétés soi-disant civilisées traitent la maladie mentale, les deux suivants n'appartiennent pas à cette catégorie. Et comment poser un diagnostic tel que celui-ci en deux minutes ? Surtout que la majorité des badauds n'est pas, loin de là, psychiatre.

L'attitude que je décris plus haut est symptomatique de la charité chrétienne : on veut bien aider ceux qui sont dans le besoin, mais on s'autorise un jugement moral, et surtout on se sent supérieur. Il est aussi typique d'un manque d'imagination : celui ou celle qui est en position de "faire la charité" n'imagine pas un instant que, les circonstances de la vie étant ce qu'elles sont, les positions soient un jour inversées.
Pour moi, face à quelqu'un qui fait la manche, le choix est simple : donner, ou pas. Mais en tout état de cause, je me refuse un jugement et surtout, je refuse l'attitude paternaliste qui consiste à refuser au mendiant de faire ce qu'il veut avec ce que je lui donne. C'est lui enlever la dernière chose qu'il lui reste : sa dignité. C'est lui faire une insulte presque mortelle. C'est pire, à mon avis, de soumettre son don à une condition que de refuser de donner. Accepter ou refuser de donner est bénin, en définitive : le don ne sera jamais tel que la vie du mendiant en sera à jamais bouleversée. Par contre, soumettre le don à ce chantage moraliste crée un dommage bien plus terrible à l'amour propre du SDF. Une blessure qui peut à terme, la répétition de l'ignominie aidant, priver le SDF de la confiance en soi nécessaire pour rebondir.
Et je ne parle pas de l'absurdité médicale, de l'ignorance crasse de ceux qui refusent de donner un euro ou deux mais préfèrent aller acheter un sandwich au prétexte de "lutter contre l'alcoolisme". Si le SDF en question est déjà alcoolique, ce n'est pas cette attitude moraliste qui va l'en sortir : on ne sèvre pas une dépendance avec un sandwich, que je sache !




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